Le1er avril 2002, le 1er avril 2015, cela fait 13 ans depuis que le jeune Djamel Tounsi dit Djino a été assassiné à Tigzirt, lors de manifestations après le soulèvement général de la Kabylie, des évènements sanglants connus sous le nom du Printemps Noir en Kabylie.
Le déclenchement des évènements a eu lieu au mois d'avril 2001, suite à la mort d'un jeune kabyles dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala, à une trentaine de km de la ville de Tizi-Ouzou.
Une année après, le brasier était toujours intense. L'on compte un bilan lourd. Plus de 120 morts et des centaines d'arrestations et des milliers de blessés.
Le désespoir était à tous les niveau: social, économique, politique, identitaire, sécuritaire!. Des jeunes brandissaient des banderoles sur lesquelles on peut lire
"Tu ne peux pas me tuer, je suis déjà mort!".
"Tu ne peux pas me tuer, je suis déjà mort!".
Djamel faisait partie de cette catégorie de jeunes surexcités, très convaincu et portant dans le coeur la grande colère de ce que les différents dirigeants ont fait de l'Algérie, un pays libéré par d'incalculables sacrifices de tout un peuple.
Il était toujours aux premiers rang de lutte sur le terrain. Il était un téméraire, un intrépide, un desperados au nom de la patrie et de la liberté.
Quelques jours avant la tension était vive partout en Kabylie. Les manifestants redoublent la pression pour exiger la libération des délégués emprisonnés.
Vers le 28 mars c'était une grande marche à Tizi Ouzou. La ville a été quadrillé par un impressionnant dispositif de sécurité et empêchant toute manifestation.
Les convois des manifestants ont été tous arrêtés aux entrées de la ville de Tizi Ouzou. Des affrontements ont eu lieu d'une manière intense et violente.
D'autres vue que les routes ont été coupées, ont empruntés d'autres détours pour s’incruster dans la ville de Tizi Ouzou. Parmi cette catégorie de manifestants, l'on compte Djamel Tounsi. C'était des images d'une révolution dignes des films de Holywood. Des affrontement un peu partout et d'autres qui empruntent les collines, pour contourner le dispositif répressif. On entend que des cris, des explosion, des chants de sirènes, de la fumée partout. C'était un décors de champs de bataille.
Vers 13h, les manifestants épuisés s’apprêtent à quitter les lieux. Tout le monde étaient là sauf Djino et ses compagnons qui ont atteint la ville de Tizi Ouzou.
On s'inquiétait pour toi
Vous étiez où?
Nous avons réussi le défi, nous avons été dans la ville de Tizi Ouzou et nous avons manifestés avec force face aux policiers. Nous avons brisé l'embargo et nous n'allons pas se taire jusqu'à la libération de tous les détenus!
Avec l'arrivée de Djino, on sait que tout le monde est là et les manifestants rentrent chez eux.
Entre autres, dans la région de Ougauenoun et Boudjima, les nouvelles ne sont pas bonnes. L'on parle de renfort importants vers les brigades de gendarmerie assiégées. L'on évoque la présence de forces spéciales qui sont les groupe d’intervention rapide- GIR- qui sèment la terreur parmi les manifestants et les populations.
Entre autre j'ai eu à discuter le lendemain avec Djino au village.
Ah c'est bien tu écris dans les journaux?
oui il est de mon devoir à contribuer pour faire aboutir les revendications, mais aussi à dénoncer la répression pour que les choses ne se déroulent pas à huit clos.
Mais toi aussi il faut que tu fasse attention, tu t'expose trop au danger. Le rapport de force est inégal. l'objectif est de manifester pour faire aboutir les revendications sans pour autant mettre sa vie en danger.
Et d'autres aussi ont parlé à Djino et je pense que le rappel à l'ordre était bien enregistré.
Deux jours plus tard d'autres manifestations se sont déclenchées à Tigzirt.
La veille, les forces spéciales de la gendarmerie ont terrorisé Tigzirt. Ils ont saccagé des commerces et ont pillé des dépôts de vins.
Mais les manifestants ont de nouveau assiégés la brigades. Rody, un manifestants arrêté la veille vient d'être libérés sous les applaudissement et les cris de joie des manifestants.
Djino était un jeune très intelligent et consciencieux. Il était conscient que la manifestation de ce jour était risquée et va déboucher sur des drames. Avec le docteur Benkhemou, délégué du mouvement citoyen, Rachid Sidki, maire de la ville de Tigzirt il tentaient d'apaiser la situation et de prier les manifestants de cesser les hostilités. Djino se présente même au coeur de la manifestation. Il est arrivé aux mains avec certains de ses amis en vain.
Il s'est même introduit dans la mosquée de Tigzirt. Il s'est saisi du haut parleur pour faire des appels incessant pour arrêter les manifestations ,mais toujours en vain.
Il s'est même introduit dans la mosquée de Tigzirt. Il s'est saisi du haut parleur pour faire des appels incessant pour arrêter les manifestations ,mais toujours en vain.
Djino était toujours inquiet. Avec le docteur Benkhemou il revient de nouveau vers la mairie située à près de 500 mètre à l'est. Avec le maire et le chef de daira, il tente de négocier une trêve, et demandent aux gendarmes de ne pas contre-attaquer les manifestants tout en espérant les convaincre de cesser les hostilités.
Le docteur est monté dans le bureau du maire et Djino est resté à l’extérieur à l'entrée de la mairie.
J'étais au temps limite pour envoyer un compte rendu au journal l'expression pour lequel je travaillais.
A Tigzirt ce n'était pas possible. Aucun fax n'est disponible et tous les commerces fermés y compris les buralistes. L'idée était de se rendre dans la mairie de Mizrana. Le maire étant un ami nous aidait et mettez le fax et les moyens de la mairie à notre disposition.
Soudainement, un bruit assourdissant envahit la rue. Les manifestants courraient. C'est le sauve qui peut. Des camion de gendarmes se lancent à vive allure dans toute les directions. Des détonations et des cris et les bruits des moteurs raisonnent dans l'atmosphère.
Djino était surprit. Il était prit au dépourvu, il ne savait pas comment faire. Il prend la fuite, puis il est encerclé de nouveau par une autre patrouille. Il reprend la grande rue. Au trottoir du siège de la daira, il était encerclé par des groupe de GIR sans foi ni loi. Aucune chance ne lui a été donné. Un autre gendarme s'écrie à l'endroit de son collègue
Ayez peur de Dieu ne le tue pas!
Le gendarme haineux n'entendait rien. Djino reçoit plusieurs coups de poignard déchirant son corps et s'effondre au pied d'un arbre en lançant un cri!
Le forfait est accompli. Djino vient d'être assassiné alors qu'il avait les main vide, il était entrain de toute faire pour que ses camarades ne meurent pas dans cette journée maudite et finalement c'est lui qui meurt!
D'autres manifestants ont été poursuivi avec haine et aussi poignardés et blessés grièvement
D'autres n'ont eu leur salut qu'en plongeant à l'eau et en prenant le large!
Ces hommes surentrainés par l'Algérie dont la mission était de protéger le peuple et la nation, ont fait leur démonstration de force et de haine contre de jeunes manifestants, désarmés et demandant un minimum de droits.
La triste nouvelle a vite fait le tour de la région. J'étais encore au siège de la mairie de Mizrana lorsque la nouvelle est arrivée et les images terribles des premiers blessés évacués vers le centre de santé de Mizrana arrivent avec les moyens de fortunes.
C'était la terreur, la colère, la mort! Un incroyable élan de solidarité a été vite mise en place. D'autres fausses nouvelles arrivent de partout et faisant état de plusieurs morts et de disparus. Certains de ces disparus blessés n'ont été retrouvé que le lendemain.
La nuit du drame, Tigzirté était en état de siège. De folle rumeurs ont été lancées, annonçant que les populations de la région vont attaquer avec des armes pour se venger.
La nuit du drame, Tigzirté était en état de siège. De folle rumeurs ont été lancées, annonçant que les populations de la région vont attaquer avec des armes pour se venger.
Dans un communiqué honteux la gendarmerie niait avoir tué Djamel Tounsi. Mais la vérité a été vite rétablit grâce aux dizaines de citoyens qui ont témoigné contre ce lâche assassinat.
Djino était la 114e victime de cette liste macabre de mort durant ces événements.
Sept ans avant, son cousin Mohamed Tounsi avait trouvé la mort lors d'un accrochage avec les terroristes face au siège de la mairie de Mizrana. Mohamed avait 26 ans, Djino aussi avait 26 ans.
La veille de sa mort, il était dans un état étrange. La nuit il avait ouvert toutes les fenêtres de sa chambre et avait laisser raisonner les chansons de Matoub à haut décibels.
Il était aussi joyeux, car il venait de recevoir le fameux visa pour voyager en France. Finalement son visa était destiné pour l'au delà.
Il était aussi joyeux, car il venait de recevoir le fameux visa pour voyager en France. Finalement son visa était destiné pour l'au delà.
Le jour de la mort de son cousin, il était touché et impressionné. Il avait eu cette phrase prophétique :
"Moi aussi le jour de mon enterrement, vous allez voir il y aura beaucoup de monde!".
Djino est tombé en martyr. Il a eu droit aux funérailles d'un héros. Il est enterré au pied du siège de la mairie de Mizrana. Il y avait foules immenses, sur fond d'émotion indescriptible pour l'accompagner vers sa dernière demeure.
Il se repose en face du lieu où son cousin est tombé en martyr sept ans avant. A l'instar des autres victimes, Djino est devenu depuis un symbole de la lutte pour une vraie Algérie, pour la démocratie, la justice et la liberté!.
Mourad Hammami
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