vendredi 20 mars 2015

Cheikh Abbes Ait R’Zine, un artiste, une icône.

   
      
C’est un réel bonheur pour moi de le rencontrer et de mener cette interview avec lui !
    Abbes Ait R’Zine, un grand monsieur talentueux mais modeste et simple qui enchante les romantiques de ses douces et belles mélodies qui nous bercent, nous font rêver et nous emportent dans les méandres de l’amour perdu ; mais aussi avec ses paroles pleines de mélancolie. Un grand qui mérite d’être accompagné et suivi sérieusement. Une voix grave et chaleureuse, une référence ! Un vrai cheikh et futur successeur  de Cherif Kheddam dont il est influencé, en suivant son chemin dans son domaine de prédilection à savoir la chanson sentimentale.
     En 74, il commence à accompagner son grand frère et apprend à jouer de plusieurs instruments. Puis en 78, il fait déjà sa première radio. Les premiers temps, ses chansons passaient souvent à la radio puis elles sont vite mises aux oubliettes. Mais cela ne l’a nullement découragé, mieux encore, il entreprend un travail sérieux avec cheikh El Mahdi, l’école !
« Chacune de ses chansons est un chef d’œuvre. C’est un artiste né, dans sa musique, dans ses compositions et dans son interprétation », selon son ami Mustapha qui dit aussi que c’est un homme complet.
    C’est un artiste réservé, timide et honnête avec lui-même, qui ne parle pas beaucoup mais chante ce qu’il vit et ce qu’il ressent. Il puise ses paroles du fin fond de ses réflexions, un sage parmi les sages. Il se fait un point d’honneur à composer ses  musiques et écrire ses textes. Il compte à ses actifs 8 albums en 33 ans de carrière.
Pour en savoir plus sur Monsieur Abbes, je lui ai posé quelques questions auxquelles il a eu la gentillesse de répondre.

-Selon ce que j’ai vu et su de vous, je dirai que vous êtes né artiste. Comment cela se fait-il ?
D'abord, je suis issu d’une famille d’artistes et toute mon enfance, j’ai baigné dedans. Donc ceci est dans mes gênes, la musique court dans mes veines ; la preuve, j’ai 53 ans et toujours dedans.
-Votre père faisait partie d’une troupe de Tbel. Pourquoi n’avez-vous pas suivi son modèle ?
C’était son genre et c’était le seul genre qui existait à son époque. D’ailleurs, il avait fait une grande carrière et sa troupe était connue dans toute l’Algérie. Il a été une école dans le genre « thaâbassith ». ma génération à moi a découvert d’autres genres musicaux.
-Quel est le vôtre justement ?
Dès mon jeune âge, j’ai touché un peu à tous les styles kabyles de l’époque dont le chaâbi de El Hasnaoui et Slimane Azem, l’oriental de Cherif Kheddam et Youcef Abdjaoui, moderne de Djamel Allam, Idir et Ferhat. Après cela, j’ai découvert la chanson marocaine et la chanson française.

-Quels thèmes abordez-vous ?
Tout ce qui touche à la vie de la personne dont le sentimental et le social.
-Avez-vous chanté pour la cause berbère ?
Pas directement mais mes recherches pour revisiter les bases de la chanson kabyle sans la défigurer, de choisir des textes propres et de valeur engagent ma contribution à la sauvegarde de notre culture et de notre patrimoine.
-A qui faîtes-vous écouter en premier votre produit fini ?
Quand je fais quelque chose, je prends mon temps. Je fais ce que j’aime et je le fais dans les normes. Je ne  le montre à personne ; au contraire, je vais directement l’enregistrer puis je laisse au public la liberté d’apprécier ou non. Mais mon premier public reste tout de même mes amis artistes qui connaissent la valeur de ce que je fais.
-Avez-vous un album en préparation ?
Oui, il est même fini et je cherche un éditeur. Il sera pour bientôt. A propos de cet album, je tiens à remercier Mr Mourad Hamadi, le neveu d’Ali Ferhati et propriétaire d’un studio d’enregistrement à Ouled Aissi pour sa contribution à la réalisation de ce produit.
-Pourriez-vous nous en parler ?
Eh bien, il contient 9 chansons dont un instrumental  « idebalen », en hommage à mon père, décédé en 89. Et à ce propos, je remercie Bakhliche, de Tabouanant, pour sa précieuse aide. Un autre titre sentimental, du genre sétifien, un autre du genre boléro de l’Amérique du sud et aussi un de folklore kabyle où je fais une balade en Kabylie pour mettre en valeur notre chère région.

-Vous rendez-vous compte de l’ampleur de votre succès sur You tube ?
Ce sont les vrais connaisseurs de notre patrimoine culturel kabyle en général et de la chanson en particulier. Je les remercie infiniment et je les invite à suivre encore plus mes futures productions.

A la fin, je salue tous ceux qui aiment ce que je fais, mes fans et  mon public qui me suivent. C’est grâce à eux que j’existe.
Entretien réalisé par: Farida LARIBI

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