Le 9 janvier, peu avant 13H00, Amédy Coulibaly fait irruption dans la boutique, armé d'une kalachnikov, le début de longues heures d'angoisse. L'assaut des forces de l'ordre dans l'après-midi laisse place à une scène de crime: des corps à terre, des chariots renversés, la porte en verre brisée.
Aujourd'hui, le supermarché casher est toujours là, sa façade noire repeinte en blanc, une banderole provisoire attendant d'être remplacée par l'enseigne définitive.
Baies vitrées, allées élargies, touches de couleur, le magasin a été entièrement rénové pour être "plus chaleureux", "plus lumineux", explique Laurent Mimoun, l'un des dirigeants de la chaîne, qui compte onze magasins, tous placés sous surveillance policière.
"Abasourdis" par le drame, les responsables n'ont toutefois "jamais remis en cause la réouverture", refusant de faire du lieu "un musée", raconte-t-il avec émotion.
Plus d'une heure avant l'ouverture, une trentaine de personnes, cabas au bras, attendent dans le froid de cette fin d'hiver pour faire leurs emplettes, tenues à l'écart par des barrières de sécurité.
- Nombreuses caméras -
Mais le premier "client", c'est Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, qui achète deux bouteilles de vin. Un geste symbolique "pour envoyer le signal que la vie est plus forte" et assurer aux Français qu'il sont "protégés du risque terroriste".
Juste après lui, un homme qui n'avait jamais franchi la porte du magasin en sort, avec des galettes pour Pessah et du vin. Accompagné de sa fille, Eric Cohen vient de passer là où son fils Yohan, 20 ans, est tombé sous les balles d'Amédy Coulibaly. Sa présence est pour lui "une évidence": "ça signifie qu'ils n'ont pas gagné".
"Il faut que la vie continue, même si c'est très dur pour nous", dit-il calmement.
Des clients peinent à masquer leur émotion, comme ce jeune qui fait la queue, en pleurs. A côté de lui, une habituée confie: "Ca fait mal, très mal".
D'autres sont venus de loin, comme Izak Rozin. Cet Américain à la carrure imposante dit être arrivé exprès du Michigan pour "soutenir la communauté juive". "Chez nous c'était partout dans les actualités... Je me rappelle ce héros qui venait d'Afrique."
Lassana Bathily, Malien qui a été naturalisé Français pour avoir caché des clients dans les chambres froides, ne fait pas partie de la nouvelle équipe: il est en arrêt maladie longue durée comme ses collègues.
Les nouveaux employés confient une certaine appréhension, malgré la présence policière et les nombreuses caméras de surveillance. "Un peu de stress, un peu d'angoisse", pour Céline, mais "on est vraiment très contents d'être là".
"On pense aux victimes, énormément", témoigne Beverly, "c'est quelque chose qui va rester dans nos mémoires".
A quelques mètres, des dizaines de bouquets de fleurs ont fané, et une multitude de bougies constelle le trottoir, reliquat des hommages laissés après les attentats parisiens qui ont fait 17 morts du 7 au 9 janvier, en plus des trois tueurs abattus par les forces de l'ordre.
Source: lavoixdunord.fr
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