mercredi 28 octobre 2015

ONU: le Maroc soutient ouvertement l’indépendance de la Kabylie!

Voici une sortie diplomatique qui va irriter Alger. En réponse à la pression voilée de l'Algérie sur la cause du Sahara occidental, le Maroc fait la contre-offensive en brandissant la cause Kabyle, qui à travers le MAK se lance dans un projet politique très sensible, qui consiste à se détacher de l'Algérie et créer une nation indépendante.

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Le Maroc exprime d'un façon continue sa colère pour ne pas dire son hystérie politique envers l'Algérie qui selon elle soutient et finance le projet d'indépendance du Sahara Occidental. Pour ne pas lâcher ce morceau, le Maroc est dans la politique de "la fin justifie les moyens".

Des soupçons pèsent sur le soutien du Maroc au projet du MAK lancé par Ferhat Mhenni depuis 2001. Un projet qui a connu des métamorphoses et qui n'a laissé personne indifférent. C'est ainsi qu'il y a  eu le passage du projet d'autonomie à celui de autodétermination et la création du gouvernement provisoire de Kabylie GPK présidé par Ferhat Mhenni.
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C'est à l'occasion des 70 ans de la création de l'ONU qu''un accrochage politique  a eu lieu entre des diplomates algériens et marocains. C'est ainsi que le Maroc a évoqué clairement la cause kabyle et le projet d’autodétermination prôné par le MAK.


Les Marocains, en réponse aux accusation sur le Sahara Occidental ont riposté en insinuant que la Kabylie serait un territoire occupé : «Il est regrettable d’entendre certains s’élever à l’occasion de cette célébration pour demander l’application de tel ou tel droit, alors qu’ils privent leurs propres populations de ces mêmes droits», a lancé le représentant permanent du Maroc à l’ONU. Il a jouté : «Au moment où nous fêtons le 70e anniversaire des Nations unies, un des plus anciens peuples de l’Afrique continued’être privé de son droit à l’autodétermination.» 
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 Et d'ajouter: «Il est regrettable que les aspirations légitimes du peuple autochtone de la Kabylie soient toujours bafouées au XXIe siècle. Ses droits humains sont violés au quotidien, ses représentants légitimes sont persécutés et ses leaders pourchassés, y compris quand ils sont en exil», s’est écrié le diplomate marocain 
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 Le Makhzen considère que les Nations unies sont dans «l’obligation politique (…) de réparer cette injustice historique à l’égard des Kabyles». 

"A ce titre, je ne peux que m’en réjouir car le but principal du GPK consiste justement à poser la question de la souveraineté de la Kabylie sur le bureau des Nations Unies »,  avait déclaré aussitôt  Lyazid Abid le Vice-Président du GPK..




LES DIPLÔMÉS ALGÉRIENS AUTORISÉS À TRAVAILLER EN FRANCE

L’accord intergouvernemental, intitulé « Accord sur la mobilité des jeunes diplômés algériens et français », permet aux diplômés algériens d’accéder en France à des postes de travail comme il accorde la possibilité aux cadres français de travailler en Algérie
Les diplômés des universités algériennes seront désormais autorisés à travailler en France, suite à un accord conclu lundi par les membres de la Comité mixte économique qui accorde aussi le droit aux diplômés français de travailler en Algérie. C’est ce qui advient d’une série d’accords inédits signés au cours des travaux de la troisième session du Comité mixte économique algéro-français (Comefa) qui se sont achevés à Paris. 
L’accord intergouvernemental, intitulé « Accord sur la mobilité des jeunes diplômés algériens et français », permet aux diplômés algériens d’accéder en France à des postes de travail comme il accorde la possibilité aux cadres français de travailler en Algérie. Les détails de cet accord seront publiés dans le Journal officiel des deux pays. Il s’agit d’une nouveauté dans les relations Algéro-françaises qui ne manquera pas de susciter l’intérêt des diplômés algériens. Jusqu’à l’heure, les diplômés de médecine en Algérie qui, souvent, trouvent des débouchés en France font face au lancinant problème d’équivalence. 
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Co-présidée par les ministres algérien et français des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra et Laurent Fabius respectivement, la 3e session du Comefa, à laquelle ont pris part également le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, et le ministre français de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, a également vu la signature d’autres accords dans les domaines des transports, de l’agriculture et de la propriété intellectuelle. 

L’accord sur le transport prévoit la création d’un bureau d’études entre la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF) et le groupe EGIS, spécialiste en conseil et ingénierie dans le domaine des transports. Un autre accord a été signé entre la SNTF et la Société française des chemins de fer (SNCF) pour la rénovation du mobilier urbain des gares. Le troisième accord a été signé par le directeur général de la SNTF, Yacine Bendjaballah, et le directeur de Systra,entreprise d’engineering des systèmes de transport public urbain/ferroviaire (bus, métro, tramway, train...). L’entreprise algérienne Asmidal et le groupe Roullier ont signé un accord pour la production des engrais. 

Les chefs d’entreprise de Lafarge et du Groupe industriel du ciment d’Algérie (GICA) ont signé un accord pour augmenter la production de la cimenterie de Raïs Hamidou (Alger). Un autre accord concerne la propriété industrielle, signé par l’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI) et l’Institut français de la propriété industrielle (INPI), alors que le dernier porte sur la production de vannes industrielles pour le secteur de l’énergie. La deuxième réunion du Comefa s’est déroulée à Oran le 10 novembre 2014. 
Le 12 mai dernier à Alger, lors de la réunion d’évaluation d’étape du Comefa, co-présidée par les ministres Affaires étrangères des deux pays, quatre accords de partenariat économique ont été signés. Le Comefa, créé en mai 2013, rappelle-t-on, est un mécanisme de renforcement et de diversification des relations économiques, industrielles et commerciales entre l’Algérie et la France. 
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Créé en application de la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre la France et l’Algérie, signée le 19 décembre 2012 à Alger, ce comité, qui regroupe les responsables des ministères des secteurs économiques des deux pays, a pour objectifs de définir une stratégie d’organisation d’un partenariat industriel, d’identifier les filières concernées, les projets et les entreprises algériennes et françaises susceptibles de s’organiser dans le cadre de ce partenariat. Il convient de signaler que Ramtane Lamamra et Abdeslam Bouchouareb ont été reçus à l’Elysée par le président français François Hollande avant la tenue du Comité.
Lamamra était porteur d’un message du président Abdelaziz Bouteflika. 

Source: Le jeune indépendant 

mardi 27 octobre 2015

Ahmed Askri un acteur important des événements du 17 octobre 1961 à Paris

Si notre témoin nous a  fixé le cinéma REX de BONNE NOUVELLE  comme lieu de RDV, c’est parce que celui-ci a une relation directe avec cette journée  sanglante. En effet, M. ASKRI nous a  expliqué que  la fédération avait découpé la ville de Paris en deux Wilayas ; la rive droite qui  était la      Wilaya 2 dirigée par lui  même et la Rive gauche qui était la Wilaya 1 dirigée par Mohamed GHAFIR dit « Moh Clichy »





A  l’occasion  de  la  commémoration de la  manifestation  du 17/10/1961, nous avons rencontré l’un des hauts responsables de  la fédération de France ou la wilaya 7 historique. Il s’agit de M. Ahmed ASKRI  dit « Mokrane » qui s’est  rendu  à Paris, comme chaque anniversaire de cet  évènement  pour déposer une gerbe de fleurs et se recueillir à la  mémoire de tous ces algériens ; massacrés, tués, disparus  ou jetés dans  la Seine sous  les ordres du préfet de police MAURICE PAPON.   M. ASKRI du  village Ighil Mahni de la région d’Azeffoun, né le 20/05/1929 a entamé son parcours de militant en France  bien avant le déclanchement  de la révolution nationale de Novembre 1954. Il faisait déjà une quête auprès de ses amis de sa région, travailleurs en France, pour financer  le mouvement national. 
Dès son retour de l’Algérie en 1955, il  adhère  au MTLD et organise  ses compagnons pour intégrer le FLN et ensuite la fédération de France (F F)  là où  il a gravi tous les échelons ; du chef de cellule jusqu’au responsable de willaya. Cette  institution était fondée sur cinq structures et un responsable sur chacune d’elles ; Omar BOUDAOUD responsable fédéral, Kedour EL ADLANI  responsable organique, ALI  HAROUN responsable de presse et des avocats, Rabah BOUAZIZ responsable des actions armées et de l’OS et Abdelkrim SOUISSI responsable des finances. 
 

 Si notre témoin nous a  fixé le cinéma REX de BONNE NOUVELLE  comme lieu de RDV, c’est parce que celui-ci a une relation directe avec cette journée  sanglante. En effet, M. ASKRI nous a  expliqué que  la fédération avait découpé la ville de Paris en deux Wilayas ; la rive droite qui  était la      Wilaya 2 dirigée par lui  même et la Rive gauche qui était la Wilaya 1 dirigée par Mohamed GHAFIR dit « Moh Clichy ». Suite aux différentes répressions pratiquées  par la police française  et au couvre-feu  de 20h30 à 5h30 que cette dernière a instauré à l’égard des algériens, la F F a décidé d’organiser une grande manifestation  pacifique dans les Grands Boulevards  de Paris, très fréquentés par les touristes, afin de dénoncer les crimes commis sur leurs militants  et faire entendre l’opinion étrangère du droit à l’auto-détermination du peuple Algérien. Alors, chacun des deux responsables avait choisi  son itinéraire, Ahmed ASKRI avait fixé la place de la République comme point de départ de ses militants vers l’OPERA passant par les Grands-Boulevards, Strasbourg- Saint-Denis et Bonne Nouvelle. Le jour J, des milliers d’algériens (environ 80000) selon les organisateurs, marchaient au cœur de la capitale du  colonisateur, en arrivant au niveau du  cinéma REX de BONNE NOUVELLE un policier français avait pris peur et paniqué en voyant cette foule qui se dirigeait vers lui, il ouvre le feu en l’air, ses collègues entendirent et croyaient que ça venait des manifestants, ils se sont mis à tirer en direction de la foule et c’était l’élément déclencheur qui a causé des centaines de morts, de disparus et de blessés. 
Interrogeant M. ASKRI sur la situation  de l’Algérie d’aujourd’hui, il s’est contenté de nous confier que ce n’était pas pour l’image actuelle du pays qu’ils se sont combattus et il a insisté sur l’urgence de l’écriture de l’Histoire par des historiens algériens  et de ne pas laisser le champ libre aux étrangers. Avant de se séparer il a rajouté qu’il a confiance et l’espoir dans la jeunesse d’aujourd’hui  qui  peut faire beaucoup de choses pour l’Algérie de demain.

Amar ASKRI         

   

mardi 20 octobre 2015

Comment Bouteflika a neutralisé les militaires et s'est emparé de tous les pouvoirs

L’audience se déroule au palais d’El-Mouradia, siège de la présidence. Ce mercredi 25 novembre 2009, Abdelaziz Bouteflika reçoit le général américain William E. Ward, patron de l’Africom [centre de commandement des États-Unis pour l’Afrique], en présence du chef d’état-major algérien, Ahmed Gaïd Salah. Comme à son habitude, le président fait de longues digressions sur l’Histoire et les relations internationales avant de livrer ses vérités sur l’armée de son pays. « La maison est maintenant bien ordonnée, explique-t-il à son hôte. Je peux vous dire que l’armée obéit aux civils. Ce n’est pas du tout la Turquie. Il y a une seule Constitution, et tous lui obéissent. Tout le monde peut être candidat à une élection, même un général. » Avec un sourire malicieux, Bouteflika se penche vers son hôte et lui glisse cette saillie bien sentie : « Mais les généraux se rendent compte des difficultés, et aucun d’entre eux n’a été candidat pour le moment. »
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Il faudra sans doute attendre quelques mois, voire quelques années, pour savoir si Bouteflika, 78 ans, a eu raison de penser que ses généraux, craignant les « difficultés » liées à la fonction présidentielle, préfèrent les casernes à El-Mouradia. Car rien ne dit que demain, lorsque l’heure de sa succession sonnera, son chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, 75 ans, ne se portera pas candidat à la magistrature suprême. Ceux qui connaissent ce vieux général au caractère bourru disent qu’il se voit parfois comme une sorte d‘Abdel Fattah al-Sissi algérien. Ils rapportent aussi que, de temps à autre, en comité restreint, Gaïd souffle à ses proches cette phrase sibylline : « Et pourquoi pas moi ? »
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« Démilitariser » le pouvoir
En revanche, le président algérien est peut-être fondé à penser que l’époque où l’armée faisait et défaisait les chefs d’État est bel et bien révolue. Le récent départ du général-major Mohamed Mediène, dit Toufik, patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), admis à la retraite en septembre dernier après vingt-cinq années passées à la tête des services secrets, a en effet scellé la fin de la coterie d’officiers que l’on désigne sous le vocable de « janviéristes » pour s’être opposés à la poursuite du processus électoral qui avait débouché sur la victoire du Front islamique du salut (FIS) lors des législatives de décembre 1991, et pour avoir ensuite poussé le président Chadli Bendjedid à la démission, en janvier 1992. Jusqu’en 1999, ces « décideurs » officieux auront pesé, au grand jour ou le plus souvent dans l’ombre, sur les grandes décisions qui ont façonné le destin du pays.

La nature du « système » algérien a beau être opaque, secrète, diffuse, héritage particulier de la guerre d’indépendance et des trente années de régime de parti unique qui se sont ensuivies, force est de constater que Bouteflika est désormais seul maître du jeu politique. Et la vaste restructuration qui a visé le DRS depuis deux ans ainsi que la série de limogeages brutaux qui ont touché des postes névralgiques dans le renseignement et la sécurité au cours des derniers mois auront été décisives dans ce surcroît de puissance.

À son arrivée au pouvoir en 1999, l’ex-ministre des Affaires étrangères, soupçonné d’être une marionnette entre les mains des généraux, martelait qu’il ne saurait être « un trois quarts de président ». Il a tenu parole : au crépuscule de sa longue carrière entamée en 1962, il sera parvenu à « démilitariser » le pouvoir, alors qu’il gouverne depuis un fauteuil roulant et n’apparaît que très rarement en public.
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On ignore si Bouteflika veut réellement rendre le pouvoir aux civils dans le cadre de la nouvelle Constitution, dont l’adoption se fait attendre depuis 2011, mais le processus de mise à l’écart des militaires aura été méthodique, émaillé de ruptures, de répudiations, de divorces à l’amiable et parfois même d’humiliations. Comment le président a-t-il progressivement pris le dessus sur les « quinze chats qui tiennent le commerce extérieur », comme il qualifia un jour les patrons de l’armée ?
Un contentieux ancien
Plus que pour n’importe lequel de ses prédécesseurs à El-Mouradia, le destin politique de Bouteflika aura été étroitement lié aux militaires. À ceci près que la nature des relations entre le président et les gradés a régulièrement varié, oscillant entre la défiance et la déférence, la méfiance et la complicité. Une anecdote rapportée par Sid Ahmed Ghozali pourrait résumer le fond de la pensée du président à l’égard des galonnés. C’était en 1992, à l’époque où Ghozali dirigeait le gouvernement. Lors d’une entrevue avec ce dernier, Bouteflika fait la leçon à celui qui fut son ami : « Je te croyais plus intelligent que ça. Tu aurais pu profiter de l’occasion historique qui t’était donnée de les [militaires, NDLR] neutraliser. Tu as raté une occasion unique d’être le maître. » Être le maître. L’idée lui trottait déjà dans la tête en 1992.

Le contentieux entre le président et les généraux remonte à la mort de Boumédiène, en 1978. S’estimant être le dauphin naturel du raïs, il explique à ses pairs du Conseil de la révolution que le défunt avait laissé un testament dans lequel il le désignait comme son successeur. « Kasdi Merbah, patron de la sécurité militaire, a fait fouiller par ses hommes la maison de Boumédiène pour retrouver ce supposé document, raconte un proche de l’austère colonel. Ils ont même retourné sa vaste bibliothèque. Le président n’a jamais rédigé de testament, tout simplement. » À l’heure du choix, Bouteflika est écarté au profit du colonel Bendjedid. Il en gardera une rancune tenace. À peine élu, en 1999, il ne manquera pas de le rappeler à ses anciens compagnons. « J’aurais pu prétendre au pouvoir à la mort de Boumédiène, confie-t-il à une radio française. Mais la réalité est qu’il y a eu un coup d’État à blanc et l’armée a imposé un candidat imprévu. »


J.A.

L’occasion de devenir « le maître » se présente lorsque les militaires lui proposent, fin 1993, de prendre le pouvoir, resté vacant après l’expiration du mandat du Haut Comité d’État (HCE). Il pose ses conditions. Toutes sont acceptées. Lors d’une réunion avec l’ensemble de l’establishment militaire au ministère de la Défense, il déclare : « Nous sommes tous dans la même tranchée. » Les gradés applaudissent son élan de solidarité au moment où ils sont sur tous les fronts pour combattre le terrorisme. Seulement voilà, le 30 janvier 1994, date à laquelle il était censé apparaître à la tribune de la salle des conférences du Club des Pins pour être officiellement intronisé président, point de Bouteflika. « Je ne fais plus de politique, lance-t-il aux deux émissaires envoyés par Toufik, Lamari et Nezzar. »
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Plusieurs années plus tard, il expliquera ainsi sa dérobade : « Je voulais être le candidat de l’armée. Je ne voulais pas avoir de fil à la patte, ni avec la société civile, ni avec la mouvance islamiste. En tant que candidat de l’armée, je me présentais en réconciliateur. » À de rares intimes, il motive son refus par des rêves qui le dissuadèrent d’accepter le fauteuil présidentiel. Quoi qu’il en soit, on mesure, vingt ans plus tard, le chemin parcouru par Bouteflika quand il affirme vouloir rendre les clés du pouvoir aux civils. Encore fallait-il qu’il récupère lui-même les clés.
Dès son retour aux affaires, donc, il s’attelle à se libérer de la tutelle des généraux qui l’ont adoubé. Au besoin, le président agite parfois la menace de poursuites judiciaires pour calmer les militaires récalcitrants mis en cause dans des disparitions ou des exécutions extrajudiciaires commises lors de la décennie noire. Par touches graduelles, il nomme de jeunes officiers dans différents rouages de l’institution et place des hommes de confiance à des postes stratégiques. C’est le cas notamment de Yazid Zerhouni, ex numéro deux de la sécurité militaire, qui dirigera le ministère de l’Intérieur pendant dix ans.
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Mais en fin tacticien, il s’attache aussi les services du général Larbi Belkheir comme directeur de cabinet. Homme de réseaux, interlocuteur privilégié des Saoudiens, des Français et des Américains, ce dernier lui donnera les codes pour décrypter le système dont il a déjà une large connaissance. Mais le général sera progressivement mis sur la touche. Selon une connaissance de Belkheir, « Saïd Bouteflika, frère cadet du président, a monté ce dernier contre son directeur de cabinet. Méfiant, le raïs a alors éloigné Belkheir du cœur du pouvoir en lui confiant l’ambassade d’Algérie au Maroc ». D’autres évoquent plus simplement l’état de santé et la fatigue du général, ou le besoin de nommer à Rabat une personnalité d’envergure. Un poste de prestige perçu par l’intéressé comme une voie de garage. « Je ne voulais pas de ce poste, aurait confié Belkheir avec beaucoup d’amertume à des proches avant sa mort, en 2010. Je ne voulais pas quitter la présidence. On m’y a forcé. »
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2004, un tournant dans sa relation avec l’armée
L’élection présidentielle de 2004 marque un tournant. Candidat à sa propre succession, Bouteflika est contesté par une partie de la haute hiérarchie militaire et d’anciens caciques qui ont juré sa perte. Si l’un d’eux, l’ex-ministre de la Défense Khaled Nezzar, s’oppose publiquement à sa réélection, c’est le chef d’état-major,Mohamed Lamari, qui prend la tête de ce front du refus. Aux candidats adverses, qu’il reçoit discrètement, il explique que l’institution restera neutre et qu’il y aura un second tour. En privé, Lamari se lâche. « Si Bouteflika passe, je me rase la moustache », aurait-il juré un soir d’agapes.
En août 2004, cinq mois après la réélection du raïs, Lamari remet sa démission. « Toufik a vendu le match quelques jours avant le scrutin, décrypte un candidat à la présidentielle d’avril 2004. L’état-major voulait que l’armée reste neutre, le DRS a soutenu Bouteflika. Le schisme entre les deux têtes de la grande muette date de cette époque. » Mohamed Lamari, décédé en 2012, en gardera un goût amer. « Je n’ai pas de problème avec le président [dont il a d’ailleurs soutenu la candidature en 2009], affirme-t-il. J’ai des problèmes avec ceux qui m’ont trahi. » Allusion claire au patron du DRS.

Pour remplacer Lamari, le choix se porte sur Ahmed Gaïd Salah. Le président détient-il sur ce dernier un dossier compromettant, comme le prétend le général à la retraite Hocine Benhadid ? Ou bien l’a-t-il désigné pour ses compétences comme commandant des forces terrestres ? Toujours est-il que Gaïd Salah se montre d’une loyauté sans faille. « Je lui dois tout, admet l’intéressé. Même dans mes rêves, je ne pouvais espérer un tel poste. » À la tête de l’état-major puis plus tard comme vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, dont les bonnes relations avec Saïd Bouteflika ne sont un secret pour personne, s’attelle à la modernisation de l’appareil militaire, pousse vers la sortie les vieux généraux et nomme à des postes clés une nouvelle génération d’officiers peu politisés. Il servira surtout de rempart aux détracteurs du président qui s’opposaient à sa reconduction pour un quatrième mandat en raison des séquelles de l’AVC qui le handicapent depuis le printemps 2013.
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En juillet 2013, à son retour de Paris où il était hospitalisé, le chef de l’État commence à s’attaquer au tentaculaire DRS, d’abord en limogeant le colonel « Fawzi », directeur du Centre de communication et de diffusion, qui avait la haute main sur la presse et la publicité. En septembre, le président passe à la vitesse supérieure en retirant au DRS certaines de ses prérogatives pour les confier à l’état-major de l’armée.

De fait, ce dernier, qui dix ans auparavant lui était plutôt hostile, lui est désormais entièrement acquis. Le DRS, que l’on accuse de comploter contre les proches de Bouteflika en montant des dossiers de corruption ou de s’opposer à ce fameux quatrième mandat, est maintenant « normalisé ». La loyauté de son nouveau patron, Athmane Tartag – proche de Saïd Bouteflika, d’Amar Saadani, le patron du FLN, et de Gaïd Salah -, ne fait aucun doute. Et pour cause : admis à la retraite en juillet 2014, il a été « repêché » par le président comme conseiller à la sécurité en octobre 2014.
En seize ans, Bouteflika aura indiqué la sortie à tous les généraux janviéristes, réduit l’influence des services de renseignements et renforcé la puissance de l’état-major et donc du ministère de la Défense, dont il détient lui-même le porte-feuille. Autrement dit, les militaires passent enfin -véritablement sous la coupe des civils. Mais dans cette Algérie où la fin de règne du président est source d’inquiétude, qui peut assurer qu’aucun général ne sera tenté de partir à l’assaut d’El-Mouradia ?

Purge post-Zeralda
C’est un incident qui a déclenché une série de purges comme il s’en est rarement produit au cours des quinze dernières années. En juillet, la veille de l’Aïd, des coups de feu retentissent à l’intérieur de la résidence du chef de l’État, à Zeralda (littoral ouest d’Alger). Volonté d’attenter à la vie du président ou chamailleries entre membres de la garde présidentielle ? Confiée à la gendarmerie, l’enquête conclut que les coups de feu ont été tirés par un lieutenant de la garde. Les douilles de son arme ainsi qu’une boîte à outils achetée avec sa carte de crédit ont été retrouvées dans le périmètre de la résidence.
Avant même la conclusion des investigations, les sanctions tombent brutalement. Le patron de la Garde républicaine, le général-major Ahmed Mouley Melliani, ainsi que celui de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP), le général-major Djamel Kehal Medjdoub, sont limogés sans aucune explication officielle. Le chef de la Direction de la sécurité intérieure (DSI, contre-espionnage), le général Ali Bendaoud, est également remercié. Fait inédit dans les annales de l’institution militaire : la famille de Medjdoub s’exprime dans la presse pour défendre ses états de service en expliquant qu’il n’a jamais failli à sa mission.
Jugé devant le tribunal militaire de Blida quelques semaines plus tard, le lieutenant auteur des coups de feu écope de trois ans de prison. Là encore, inexplicablement, des sanctions tombent comme un couperet : le directeur de la justice militaire, le procureur général du tribunal de Blida ainsi que l’inspecteur général de la justice militaire sont démis de leurs fonctions.
Farid Allilat
Source: Jeune Afrique

samedi 17 octobre 2015

Algérie: Israël est un ennemi très utile pour créer diversion!

Israël est un ennemi très utile pour l'Algérie. si cet ennemi n’existait pas, il faudra l'inventer.. C'est un beau rideau, un moyen de détournement et de diversion.....un moyen de faire noyer le pauvre peuple dans le populisme et ridiculiser son intelligence. Plus zélé et bête que moi tu meurs.




C'est ainsi que à l'entrée de ce centre postal en Algérie on a dessiné sur le sol le drapeau d’Israël pour que chaque personne qui rentre dans cette institution lui marche dessus.
c'est une réaction gamine, qui dévalorise le pays. l'émotion, le populisme ne vont pas faire sortir les palestiniens de leur calvaire. Le populisme au nom de la crise palestinien n'est pas destiné à aider ce peuple opprimé, mais à détourner les regards sur le vrai mal qui range les algériens.


Anniversaire du 17 octobre 1961: L' Algérie trahie !

Gloire à nos martyrs!
Pauvre Algérie! A force qu'on avance la pays recule en arrière, il est au bord du précipice et de l'explosion!

Le sang de Chouhada ne peut plus préserver cette pauvre Algérie entre les mains de ces coyotes, ces dirigeants sans scrupules qui la pillent qui la violent sans pitié.
C'est l'anniversaire des événements du 17 octobre 1961. comme toujours ce sont en majorité des kabyles qui sont derrières ces événements. En cette période, la fédération de France était sous les commandes du kabyle Omar Boudaoud de Tigzirt.
Mohamed Askri était chef de la wilaya 3 bis de la fédération de France. Les événements se sont enclanchés dans cette circonscription qui était sous les commandes de ce kabyle d'Ighil Mehni - Azeffoun.

Je l'ai rencontré et je l'ai enregistré il y quelques années lors d'un documentaire réalisé pour ce village et m'a explique comment le événements se sont enclenchés

" Des manifestons surchauffés se sont approchés d'un policier et manifestent et crient face à lui. ce policier s'est paniqué croyant qu'il sera lynché, il avait sorti son arme et avait tiré des coups de feu dans l'air. C'est à partir de ce geste que la violence s'est déclarée pour faire des centaines de morts, et de disparus....."

Dans un autre documentaire que j ai réalisé sur le village Ighi Bouzerou, j'ai trouvé des noms de personnes disparus dans ces événements, certainement noyés et emportés par les eaux de la seine.

Oui de nos jours, il n'est pas facile de parler de la révolution. Les dirigeants qui ont confisqué l'Algérie ont tout détruit et ce cher drapeau devient de plus en plus difficile à contempler tellement que les imposteurs et les patriotards l'utilisent pour achever cette Algérie pour faire ce que le colonialisme n'a pas pu faire. Détruire l'Algérie de l'intérieure et la pousser vers l'implosion.
Q
ue Dieu nous préserve du pire et nous délivre de ces monstres.
 Gloire à nos martyrs

Mourad Hammami
Paris le 17 octobre 2015

Guerre ouverte entre Ahmed Ouyahia et Ferhat Mhenni du MAK

Accusations de Ahmed Ouyahia 

« l’objectif dépasse l’autonomie de la Kabylie, mais s’inscrit dans le cadre d’un projet visant la destruction de l’Algérie ». « L’intérêt national, les danger qui guettent le pays ne relèvent pas de la langue de bois », 
« Bien au contraire, l’Algérie était sur la liste et elle le restera », 
"il a consacré une large partie de son discours à l’intérêt de la stabilité. Il cite les cas de la Libye et de la Syrie « qui paient aujourd’hui cher et avec le sang les conséquences de l’instabilité », selon lui.

« 99% des Algériens sont fidèles au message du 1er Novembre à l’exception d’une minorité. C’est le cas malheureusement de ce fils dechahid qui va chez les juifs pour vendre le pays »


Réaction de Ferhat Mhenni

« On dirait que le lever de drapeau kabyle auquel j’ai procédé à New York, devant les Nations Unies, le 11 octobre 2015, a fait trop mal aux tenants du régime algérien à tel point qu’Ouyahia, ex-premier ministre, s’en est saisi pour espérer refaire surface »
« (…) en relisant de plus près sa déclaration m’accusant de ‘vendre l’Algérie aux juifs’, j’en conclus qu’on est davantage devant l’ultime acte d’un condamné, qui s’adresse à son supplicié, ‘Bouteflika’ lui demandant de l’épargner, que devant l’expression d’une quelconque conviction », analyse le chanteur, en accusant Ouyahia de chercher à « le diaboliser et à diaboliser les Kabyles épris de liberté. »
Ouyahia « cherche sa propre survie » et l’accuse de trahir « son propre clan, celui du DRS dont il est devenu le dernier des Mohicans après la chute de Toufik. »
« Maintenant qu’il (Ouyahia) est en disgrâce, il tente désespérément de séduire ceux-là qu’il contrait, les Bouteflika, qui vont le jeter en pâture à qui voudrait s’en délecter. Le RND lui sera retiré pour la troisième et dernière fois »

"Cette Algérie qui aurait pu être notre bien commun a été assassinée en 1962 par l'armée des frontières. Sa dépouille a été disséquée et vendue aux puissances de ce monde. Le Clan d'Oujda s’en repaît encore. Contrairement à mon accusateur, je n’ai jamais fait partie de ceux dont la liquidation de l’Algérie a permis de s’enrichir. Pour preuve, je suis prêt à rendre publique la situation exacte de mon patrimoine, mais je demande à Ouyahia, Bouteflika, Toukik et tous les autres d’en faire autant. Nous comparerons …. Je n'ai jamais été aux affaires algériennes pour qu’on me prête cette intention, cette velléité ou, encore moins ce pouvoir.
Il serait temps que chaque citoyen se demande ce que sont devenus les 200 milliards de dollars supposés, il y a encore un an, être les réserves de change du pays ! Du jour au lendemain on annonce que les caisses sont vides ! Je ne les ai quand même pas volés depuis mon exil !!!
Quant au fait de dire que mes intentions vont au-delà de l'autonomie dont il tolère enfin la perspective pour la Kabylie, et que mes velléités sont de "détruire l'Algérie" il y a à la fois une vérité et un mensonge. La vérité est que je milite ouvertement, sans tabou ni complexe, en faveur du droit du peuple kabyle pour son autodétermination, autrement dit, pour l'indépendance de la Kabylie. Le mensonge consiste à me prêter l'intention de "détruire l'Algérie". A supposer que ce soit vrai, il n'y a plus rien à détruire. Ouyahia et ses maîtres l’ont déjà fait. Si l'Algérie pour laquelle s'était sacrifié mon père avait pris le parti de reconnaître tous les droits des peuples qui la composent; que la liberté, la démocratie, les droits humains y étaient respectés ; si la préoccupation des gouvernements successifs était de construire un avenir à la jeunesse au lieu de les pousser à fuir, de cultiver le respect entre les identités en présence plutôt que de semer la haine pour les diviser, aurais-je eu l'idée de revendiquer l’indépendance de la Kabylie ? Je ne le crois pas. C'est parce que l'Algérie agonise que j'ai le devoir suprême de sauver la Kabylie. Nous sommes ceux qui grâce à notre combat pour arracher l’indépendance de la Kabylie, ouvrons la voie pour permettre aux autres peuples de ce pays crée par la colonisation de suivre notre exemple. In fine le respect, la solidarité, la coopération, l’échange entre tous les peuples de ce territoire émergeront." 

vendredi 16 octobre 2015

"La Porte de la mer", le nouveau roman de Youcef Zirem qui sera édité en février

"La Porte de la mer", tel est le titre du nouveau roman de Youcef Zirem qui sortira à Paris aux éditions Intervalles au mois de février prochain...
Ce nouveau roman reviendra largement sur le printemps noir de Kabylie des années 2001-2003... Cette fiction passera en revue l'histoire algérienne de ces trente dernières années, elle se déroulera à Alger, en Kabylie et à Paris.

jeudi 15 octobre 2015

La Kabylie entre mythes coloniaux et réalités algériennes

La genèse de la Kabylie. Aux origines de l’affirmation berbère en Algérie (1830-1962), du journaliste et chercheur Yassine Temlali, paraît aux éditions Barzakh (Alger). L’extrait que nous publions ci-après est tiré du chapitre intitulé « La politique berbère (kabyle) de la France en Algérie : mythes et réalités ».
[...] L’image que se faisaient les colonisateurs français des Algériens autochtones était déterminée, d’une part, par le dogme pseudo-scientifique racialiste qui professait l’existence de différences essentielles de caractère et d’aptitude au progrès entre les «  races  », et d’autre part, par une profonde ignorance du monde musulman, vu à travers la lorgnette d’un orientalisme conquérant, imprégné de l’idée de la supériorité européenne. La méconnaissance de l’«  Orient  », qui le faisait dépeindre de façon stéréotypée par de grands écrivains comme Chateaubriand1, était encore plus frappante quand il s’agissait du monde «  barbaresque  ». Celui-ci n’était connu qu’à travers de rares récits de voyageurs et de captifs chrétiens qui avaient connu les geôles de la Régence.
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Même L’Encyclopédie, une œuvre pourtant magistrale à bien des égards, s’est fait l’écho de ces stéréotypes. L’entrée «  Azuagues  »2 (curieux résultat d’une double déformation : d’«  Azwaw  », qu’on peut traduire par «  Kabyle  »3, et de «  Zouagha  », désignant une tribu berbère) n’est rien d’autre qu’une somme impressionnante de demi-vérités, d’évidentes idées reçues et de confusions diverses. Les «  Azuagues  », selon le texte de cet article établi par Denis Diderot et Jean D’Alembert, sont des «  peuples d’Afrique qui sont répandus dans la Barbarie et la Numidie  » dont «  les uns sont tributaires [et] les autres vivent libres [et qui] habitent principalement les provinces de Tremecen [sic] et de Fez [Fès]  ». Il ajoute : «  Les plus braves occupent la contrée qui est entre Tunis et le Biledulgérid [le pays du Djérid, dans le sud tunisien]. [...] Leur chef porte le titre de roi de Cuco [le roi de Koukou]. Ils parlent la langue des Berbères et l’arabe.  » Les deux philosophes français confondaient les Kabyles — dont certains chefs en Grande-Kabylie, ont porté, en effet, le titre de «  roi de Koukou  » — avec les Zouagha, une tribu berbère dont le territoire, au XVIIIe siècle, était à cheval entre la Tunisie et l’Est algérien mais qui, quelques siècles plus tôt, s’étendait, selon les chroniqueurs médiévaux, de la Libye au Maroc, d’où probablement la mention des provinces de Tlemcen et de Fès. Cet article de L’Encyclopédie peut être tenu pour une ébauche sommaire du discours colonial sur les Berbères, plus particulièrement les Kabyles : les «  Azuagues  », y lit-on, «  se font honneur d’être chrétiens d’origine [et] haïssent les Arabes et les autres peuples d’Afrique [sic]  »4.
L’exploration scientifique du pays nouvellement conquis n’a pas échappé aux pesanteurs du racialisme et de la méconnaissance de l’«  Orient  ». Ainsi, y aura-t-il, d’emblée, pour les Français, deux races dissemblables, sinon ennemies, les Berbères et les Arabes : les premiers étaient d’immémoriaux sédentaires, des autochtones à la religiosité superficielle  ; les seconds, d’impénitents nomades, des descendants foncièrement fanatiques des envahisseurs hilaliens.
La formation, dès le début de l’occupation, de préjugés favorables aux Berbères, principalement les Kabyles, ne pouvait, de toute évidence, que servir le projet de division des «  indigènes  », projet qu’un zélé colonialiste, le docteur Eugène Bodichon, a formulé, en 1845, de façon on ne peut plus explicite : «  La France doit développer cet instinct antipathique entre Arabes et Kabyles et mettre à sa convenance les deux races aux prises l’une contre l’autre  »5. Ces préjugés se sont renforcés de faits objectifs majeurs : l’absence de solidarité de la majorité des Berbères avec la Régence attaquée et, quelques années plus tard, le refus des tribus de Grande-Kabylie de reconnaître l’autorité de l’Émir Abdelkader en lutte contre les troupes de l’armée d’invasion. Cependant, ce qui devait être lu, dans le premier cas, comme une indifférence peu surprenante au sort des terribles janissaires et, dans le second cas, comme une éloquente manifestation du cloisonnement, sous le régime turc, des communautés «  indigènes  », a été interprété, à la lumière aveuglante du racialisme, comme une prédisposition kabyle naturelle à collaborer avec les conquérants. On prêtera cette prédisposition d’autant moins aux «  Arabes  » qu’ils s’étaient déjà soulevés contre les Français, leurs territoires situés dans les basses terres étant les plus convoités par les militaires et les premiers colons.
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FANTASMES COLONIALISTES

Durant les premières années de l’occupation, l’observation scientifique de la société autochtone, destinée à mieux la connaître pour «  lui enlever ses capacités de résistance  »6, a contribué, de manière décisive, à former l’image coloniale du «  Berbère  » : paysan enraciné dans le terroir, au besoin habile colporteur, il était si différent de l’Arabe, bédouin dédaignant ces «  vils  » métiers que sont l’agriculture et le commerce.
Le mythe berbère, qui s’est décliné principalement en mythe kabyle, est antérieur à l’occupation de la Kabylie : en 1841, huit ans avant le début de la conquête des Babors par le général Bugeaud, le général Duvivier écrivait : «  La fixité kabaïle et l’amour de cette race pour le travail devront être les plus forts pivots de notre politique pour nous établir en Afrique  »7. Ce mythe s’incarnera dans nombre de projets politiques dont certains, proprement chimériques, n’ont jamais abouti, comme celui de «  faire des Kabyles des auxiliaires de la colonisation  »en pays arabe8. Il s’incarnera surtout dans un discours kabylophile, sincère ou intéressé, né avec les premières études berbérisantes, celles de l’ethnographie militaire.
Les Kabyles ont été les premiers Berbères auxquels les Français se sont intéressés : ils représentaient une des composantes de la mosaïque ethnique algéroise et avaient fourni aux Français, à peine quelques semaines après la prise d’Alger, les premiers contingents des célèbres Zouaves9 qui s’illustreront lors de la Guerre de Crimée (1853-1856), sur le front allemand (1870) et jusque dans le lointain Mexique, lors de l’intervention des armées de Napoléon III dans ce pays (1862-1867).
Le discours colonial pseudo-kabylophile forme un large corpus qui demeure encore ouvert de nos jours10. À examiner les personnalités liées à la colonisation, officiers, politiciens, scientifiques et autres écrivains qui l’ont popularisé, il est difficile de dire, avec Salem Chaker, qu’il «  a été essentiellement le fait de “seconds couteaux”  »11 ou qu’«  on le rencontre surtout dans une sous-littérature et dans une sous-production scientifique  »12. De plus, des qualifications comme «  seconds couteaux  », «  sous-littérature  » et «  sous-production scientifique  » ne sont pas d’une grande rigueur. Des hommes politiques qui ont joué un rôle majeur dans l’orientation et la conduite de la politique coloniale pourraient être considérés, au regard de l’Histoire avec un grand «  H  », comme des comparses sans envergure. De même, ce qui n’a pas eu droit à l’éternité comme littérature et savoir scientifique sur les Berbères avait pu être considéré, en son temps, de façon extrêmement positive. Le politicien «  kabylophile  » Auguste Warnier n’était, en définitive, qu’un personnage local. Il n’empêche qu’en tant que fougueux animateur du camp hostile à la politique prétendument arabophile de Napoléon III, il a eu une influence considérable, en Algérie et en «  métropole  ». La «  faiblesse doctrinale  » et la «  nullité scientifique  » des travaux de Camille Sabatier sont consternantes alors que les travaux d’Émile Masqueray sont d’une tout autre facture13. L’auteur de l’«  Essai sur l’origine, l’évolution et les conditions actuelles des Berbères sédentaires  » (1882)14 et celui de l’incontournable Formation des cités chez les populations sédentaires d’Algérie15 n’en partageaient pas moins, outre une kabylophilie opportuniste, un égal ascendant sur les milieux colonialistes.
Premiers Français à être entrés en contact avec les «  indigènes  », les militaires ont jeté les bases du discours colonial pseudo-kabylophile. Le colonel Daumas et le capitaine Fabre évoquaient en 1847 la «  race kabyle  » comme ayant «  des tendances industrielles, pacifiques, laborieuses  ». Le capitaine Ernest Carette écrivait en 1848 : «  Aussi téméraire que cette opinion puisse paraître, nous croyons que la Kabylie, demeurée jusqu’à ce jour en dehors de notre contact direct, restée en lutte avec toutes les dominations antérieures, doit devenir d’ici à quelques années l’auxiliaire le plus intelligent de nos entreprises16.  »Henri Aucapitaine, plus connu sous le nom du «  baron Aucapitaine  », n’en pensait pas moins, lui qui proclamait en 1857 : «  Portés vers nous par leurs caractères et leurs mœurs [...], dans cent ans les Kabyles seront Français17. Ces officiers ne sont pas les seuls à avoir nourri les frêles racines du mythe kabyle. Bien d’autres y ont contribué. Citons parmi eux le général Édmond Pélissier de Reynaud qui professait la fusion entre Européens et «  Barbares kabyles  »18 et l’amiral Louis-Henri de Gueydon pour qui l’avenir était dans «  l’assimilation du peuple kabile  » et qui, auprès de ses supérieurs, a défendu avec conviction le projet d’une entité administrative purement kabyle dans laquelle serait appliquée la justice française19.
Les militaires qui ont participé à forger le mythe kabyle étaient-ils «  essentiellement des seconds couteaux  »  ? Beaucoup d’entre eux ont assumé d’importantes responsabilités politiques. Le colonel Daumas a eu, entre autres charges, celle des «  affaires de l’Algérie  » au ministère de la guerre. Le capitaine Carette a été le secrétaire de la «  Commission scientifique de l’Algérie  »  ; il est l’auteur de Études sur la Kabylie proprement dite, «  ouvrage fondamental sur la Kabylie précédant la conquête  »20. Le général Édmond Pélissier de Reynaud a été le directeur des «  affaires arabes  », au cœur du dispositif de domination français. L’amiral Louis-Henri de Gueydon, un des chefs de l’armée les plus en vue en Algérie, en a conduit la politique au poste de gouverneur général. [...]