Une campagne de désinformation
cherche à faire croire que j'aurai déclaré "les berbères sont des
ignorants et des sauvages" dans un article publiée le 22 février 2015 sur Echourouk online. La campagne a débuté dans le site berbériste "Siwel, Agence Kabyle d'information".
Je n'ai pas dit "les berbères"
(en arabe "berber") mais "berbéristes" (en arabe "berberiyoun"). J'ai
même précisé dans l'article (à la 3e ligne) en caractères latins
'berbériste". Il ne peut donc avoir confusion, sauf si on la recherche.
De plus si j'ai dit que les "berbéristes étaient ignorants", et
effectivement ignorants de l'histoire de notre pays comme le montre tout
l'article, je n'ai pas dit d'eux qu'ils étaient des "sauvages " comme
le mot a été ajouté par le site "Siwal". Cet ajout est malveillant et,
au fond, ridicule. Il révèle, à travers l'usage, par Siwal, de ce cliché
du vocabulaire colonial, plus sur ce site lui même que sur ce qu'il
veut révéler.
Je suis moi-même chaoui et
donc berbère. J'ai passé ma vie, dans de nombreux ouvrages, à donner une
vision nationale, celle d'un intellectuel de culture arabe, de notre
Histoire, de la Numidie jusqu'à nos jours. Elle s'oppose évidemment à la
vision berbériste confinée dans le ghetto de la francophonie et qui n'a
quelque influence encore que parce qu'elle s'appuie sur l'ignorance de
notre véritable Histoire, ou, ce qui revient au même, sur la fausse
conscience historique de nous-mêmes, créée par le colonialisme et
l'européocentrisme. Cette fausse conscience s'est parfois tellement
enracinée dans certains milieux culturels que la vision historique
qu'elle induit leur tient lieu d'évidence.
Il est heureusement
aujourd'hui d'autres horizons qui proviennent aussi bien de l'accès à
d'autres sources que françaises dans le monde, notamment anglo-saxonnes,
de nouveaux travaux et découvertes historiques, ainsi que de l'effort
qui se développe chez nous de réappropriation de notre histoire. Il y a
fort heureusement aussi maintenant des historiens français talentueux
qui contribuent à produire une autre vision historique sur l'Afrique du
Nord, les Berbères et la vision francophone néocoloniale. Citons parmi
eux Pierre Rossi et son célèbre ouvrage, "la Cité d'Isis, Histoire vraie
des Arabes" où il montre les racines arabes de toute la civilisation
méditerranéenne, des grecs et romains jusqu'en Afrique du Nord. Citons
aussi, pour les travaux algériens, le monumental travail récent, fait en
langue française, par Abderrahmane Benattia où il montre les racines
arabes du latin et le caractère historique universel de la langue arabe.
Ceci peut paraître étonnant par rapport à certaines habitudes de pensée
mais ce sont les résultats des nouvelles recherches historiques.
Mon article a paru
simultanément, le même jour, dans deux médias. Il a paru dans
"Echchourouk" sous le titre donné par le journal "Constantine est arabe
depuis sa fondation, ô Idir et Ait Menguellet" et il a paru, sous sa
forme complète, dans "El Ray El Youm" sous le titre, donné par moi, "Les
berbéristes nient l'arabité de Constantine".
Dans cet article, je parle de
l'histoire réelle de Constantine et de la Numidie. Je parle des héros et
patriotes authentiques qu'ont été Syphax et Jugurtha qui ont lutté
jusqu'à la mort contre l'occupation romaine. J'évoque la figure
émouvante de la reine Safan bal, épouse du roi Syphax, qui a préféré se
suicider qu'être l'épouse de Massinissa. Cela aurait été, pour elle, un
déshonneur car elle le considérait comme un collaborateur des Romains.
Certes je fais montre de peu de sympathie pour Massinissa. Mais à chacun
ses références et ses préférences. Il est vrai que certains se
reconnaissent d'autant plus dans Massinissa qu'il s'est soumis à la
tutelle romaine comme eux aujourd'hui à la tutelle occidentale dans
laquelle ils voient la modernité. L'Histoire se répète.
Lorsque je m'adresse dans cet
article à Ait Menguellet et Idir, c'est parce que le Commissaire de la
manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe" a déclaré
qu'ils refusaient de participer à cette manifestation pour des raisons
idéologiques liées à l'appellation "capitale arabe". Si cela est vrai,
ce serait une position étroite et un préjugé, lié à la méconnaissance de
notre Histoire, dont je parlais plus haut.
Lorsque je leur dis alors que
"Constantine est arabe depuis sa fondation", cela peut paraître une
position extrémiste, de nationalisme arabe. Mais c'est pour indiquer, de
façon peut être un peu lapidaire, comment pour moi berbérité et arabité
sont inséparables, et comment elles appartiennent au même tronc, au
même bassin de civilisation, de Oman jusqu'en Mauritanie, comme le
montre, entre autres, les historiens américain Will Durant ("Histoire de
la civilisation") et William Langer ("l'Encyclopédie de l'Histoire du
Monde", édition 1972) ou le préhistorien Français Gabriel Camps ("les
Berbères: mémoire et identité", Paris, 1995). Lorsque j'emploie le mot
arabe, je le fais au sens qui lui est donné par Pierre Rossi d'"anciens
arabes" (ouroubiya-عروبية) pour bien montrer cette parenté
civilisationnelle et linguistique. D'ailleurs c'est ce terme que
j'emploie dans la version complète du même article paru sur le journal en ligne "Ray El Youm".
Bref, j'essaie de mener un
combat intellectuel basé sur les faits et des vérités historiques que le
colonialisme a cherché à travestir ou tout simplement à éliminer de
notre mémoire et de la mémoire humaine.
O. S.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire