J'ai refusé de croire à la triste nouvelle. Je ne m'y attendais pas. En
lisant une publication sur les réseaux sociaux, hier soir, j'ai réagi
instinctivement en éteignant mon ordinateur de peur d'avoir des preuves
que c'était bien vrai. J'ai passé le reste du temps à ressasser dans ma
tête que le web, c'est tout et n'importe quoi et la rumeur y est une
constante, donc, Djamila ne pouvait pas être décédée, sûrement un
jaloux, un malveillant qui est derrière une telle « info »...
Djamila Moula l'ex femme de Lounes Matoub |
Puis, ce matin, j’ai eu du mal à me connecter pourtant, j’ai besoin
aussi de savoir ce qui en est. J'ai pensé l'appeler, puis lui écrire un
email... l'angoisse d'un téléphone qu'on laissera sonner sans décrocher
ou d'un email qui n'arriverait pas, me fait repousser cette voie. Sauf
que la nouvelle était déjà reprise par plusieurs sites et sur facebook,
un espace en hommage à Djamila y est même ouvert par l’un de ses plus
proche (Juba Axilin) qui ne me laisse plus l'ombre d'un doute.
Djamila n'est donc plus parmi nous et pour toujours...
Cruelle et injuste que cette vie qui semble s'acharner sur les
meilleurs et les plus utiles à l’humanité. Il y a quelques mois, je
l'avais eu au téléphone, sa voix, toujours égale à elle-même, inspirait
l'amitié, la sérénité, la confiance en soi et une immense dignité se
dégageait de chaque mot qui sortait de sa bouche tant, sa sincérité
n'avait, à mes yeux, pas d'égale mesure. Rien dans sa voix chaleureuse
ne présageait un tel drame.
Il y a quelques années, un article
sur son idylle avec Matoub Lounès était publié dans un journal algérien.
Le journaliste, connu pour son opportunisme, s’est appuyé sur les
témoignages de sa mère (de Djamila) que le journaliste avait abordé en
la trouvant seule au village. Djamila avait alors réagit publiquement
pour la première (et la dernière) fois en reprochant au journaliste son
manque d’éthique en abordant un vielle femme, seule, démunie et sans
défense pendant qu’elle-même avait décidé de ne rien révéler sur cet
épisode de sa propre vie. Le plus admirable qui avait mis en évidence la
grandeur de Djamila c’est que, par la même réaction, elle s’était
vivement indignée que le journaliste n’avait pas pensé à l’épouse de
Matoub, Nadia, qui était encore en deuil et sous le choc de l’attentat
terroriste du 25 juin 1998.
Je ne t'oublierai jamais Djamila.
Allas DI TLELLI
De nos discussions, j'ai pu mesurer
le côté humble et généreux de sa personne, prête à toute sollicitation
pour aider de quelque manière que ce soi mais refusant catégoriquement
de sortir de l'ombre pour la moindre des dividendes... Il n'y a pas si
longtemps, je lui ai transmis une ordonnance d'une fille épileptique
pour un traitement qui ne se trouvait pas en Kabylie en lui disant de
voir avec ses amis et ses proches pour le lui procurer… Une semaine
après, je reçois le traitement avec un email de Djamila me rassurant
qu'elle prenait en charge le traitement de cette fille pour toujours...
Je garderai à jamais son dernier texto qu'elle m'avait envoyé à
l'occasion du récent nouvel an… certes, je ne l'oublierai pas, mais je
suis en colère aussi contre moi-même. J'étais presque arrivé à la
convaincre d'écrire un livre, je pensais qu'elle avait encore du
temps...ce temps assassin m'a pris une amie exceptionnelle, ce temps
assassin nous a pris un être de lumière et d'une rare générosité, ce
temps assassin nous a pris aussi une précieuse mémoire.
Mes sincères condoléances à ses enfants, à sa mère et à toute sa famille et ses proches.
Je ne t'oublierai jamais Djamila.
Allas DI TLELLI
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