dimanche 8 février 2015

Une lettre d'une amie à Djamila Moula "Je ne t'oublierai jamais!"

JE NE T’OUBLIERAI PAS

J'ai refusé de croire à la triste nouvelle. Je ne m'y attendais pas. En lisant une publication sur les réseaux sociaux, hier soir, j'ai réagi instinctivement en éteignant mon ordinateur de peur d'avoir des preuves que c'était bien vrai. J'ai passé le reste du temps à ressasser dans ma tête que le web, c'est tout et n'importe quoi et la rumeur y est une constante, donc, Djamila ne pouvait pas être décédée, sûrement un jaloux, un malveillant qui est derrière une telle « info »... 

Djamila Moula l'ex femme de Lounes Matoub
Puis, ce matin, j’ai eu du mal à me connecter pourtant, j’ai besoin aussi de savoir ce qui en est. J'ai pensé l'appeler, puis lui écrire un email... l'angoisse d'un téléphone qu'on laissera sonner sans décrocher ou d'un email qui n'arriverait pas, me fait repousser cette voie. Sauf que la nouvelle était déjà reprise par plusieurs sites et sur facebook, un espace en hommage à Djamila y est même ouvert par l’un de ses plus proche (Juba Axilin) qui ne me laisse plus l'ombre d'un doute. 


Djamila n'est donc plus parmi nous et pour toujours...
Cruelle et injuste que cette vie qui semble s'acharner sur les meilleurs et les plus utiles à l’humanité. Il y a quelques mois, je l'avais eu au téléphone, sa voix, toujours égale à elle-même, inspirait l'amitié, la sérénité, la confiance en soi et une immense dignité se dégageait de chaque mot qui sortait de sa bouche tant, sa sincérité n'avait, à mes yeux, pas d'égale mesure. Rien dans sa voix chaleureuse ne présageait un tel drame.
Il y a quelques années, un article sur son idylle avec Matoub Lounès était publié dans un journal algérien. Le journaliste, connu pour son opportunisme, s’est appuyé sur les témoignages de sa mère (de Djamila) que le journaliste avait abordé en la trouvant seule au village. Djamila avait alors réagit publiquement pour la première (et la dernière) fois en reprochant au journaliste son manque d’éthique en abordant un vielle femme, seule, démunie et sans défense pendant qu’elle-même avait décidé de ne rien révéler sur cet épisode de sa propre vie. Le plus admirable qui avait mis en évidence la grandeur de Djamila c’est que, par la même réaction, elle s’était vivement indignée que le journaliste n’avait pas pensé à l’épouse de Matoub, Nadia, qui était encore en deuil et sous le choc de l’attentat terroriste du 25 juin 1998.


 
De nos discussions, j'ai pu mesurer le côté humble et généreux de sa personne, prête à toute sollicitation pour aider de quelque manière que ce soi mais refusant catégoriquement de sortir de l'ombre pour la moindre des dividendes... Il n'y a pas si longtemps, je lui ai transmis une ordonnance d'une fille épileptique pour un traitement qui ne se trouvait pas en Kabylie en lui disant de voir avec ses amis et ses proches pour le lui procurer… Une semaine après, je reçois le traitement avec un email de Djamila me rassurant qu'elle prenait en charge le traitement de cette fille pour toujours...
Je garderai à jamais son dernier texto qu'elle m'avait envoyé à l'occasion du récent nouvel an… certes, je ne l'oublierai pas, mais je suis en colère aussi contre moi-même. J'étais presque arrivé à la convaincre d'écrire un livre, je pensais qu'elle avait encore du temps...ce temps assassin m'a pris une amie exceptionnelle, ce temps assassin nous a pris un être de lumière et d'une rare générosité, ce temps assassin nous a pris aussi une précieuse mémoire.
Mes sincères condoléances à ses enfants, à sa mère et à toute sa famille et ses proches.

Je ne t'oublierai jamais Djamila.
Allas DI TLELLI

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