De son vrai nom Kaci Ahmed, Kaci Ifaraten est né en 56, à
Tirminit, Boghni, Wilaya de Tizi Ouzou. C’est un chanteur, compositeur qui a hésité longtemps, mais il a été
rattrapé par sa passion et l’envie de continuer à donner autre chose que ce
qu’il a donné dans sa carrière de professeur d’éducation artistique, domaine
finalement pas loin puisque c’est toujours de l’artistique.
-Quand
avez-vous commencé à vous intéresser au domaine de la chanson ?
Depuis le CEM, avec un animateur
qui nous faisait passer à tour de rôle. Je faisais partie du JSLN (Jeunesse du
front de libération nationale), au début des années 70.
-Avez-vous
continué au lycée ?
Dans les fêtes scolaires d’abord
puis j’animais aussi des fêtes du village et même des villages voisins. A
partir de là, j’ai dû travailler pendant les vacances pour acheter ma 1ère
mandole à la fin des années 70.
En 83, une opportunité s’est présentée et je l’ai saisie, j’ai passé
un concours pour faire un stage et devenir professeur d’éducation artistique.
Là, j’ai rencontré Salim Bouabdallah, accompagnateur et nous avons crée le
groupe Ifaraten pour chanter en duo.
Après 83, on est passé à
l’émission de Mdjahed Hamid « ifananen ouzzeka ». Nous avons triomphé
et nous avons été choisis puis invités pour enregistrer 3 ou 4 chansons qui
passaient souvent sur les ondes de la chaine 2. Nous sommes aussi passées au « hit
parade » de la chaine 3 et nous avons été classées 1ers pendant un mois avec la chanson
« tadukli »
-Etes-vous
resté longtemps avec Bouabdallah ?
Nous avons travaillé ensemble
jusqu’en 86 et les circonstances nous ont séparés à cause de l’éloignement. En
effet, comme il habitait à Boudouaou, cela ne nous arrangeait pas pour avoir un
point de chute pour répéter. De 86 à 92, j’ai passé mon temps à réfléchir à mon
devenir, continuer seul ou arrêter en plus des responsabilités liées à la
famille et au quotidien en général. J’ai fini par reprendre et enregistrer, en 92, une cassette « cdah douar »
qui a marché un tout petit peu , problème de distribution.
-Combien
d’albums avez-vous sur le marché ?
Mon 3ème produit vient
de sortir en 2014. Il est intitulé « Inazmen n’ tudert », les
lamentations de la vie.
-Avez-vous
fait des galas ?
Non, j’ai eu des doutes quant à
la possibilité de continuer seul, j’allais lâcher pour beaucoup de choses sans
oublier les problèmes d’éditions.
Le dernier enregistrement m’a
coûté 400 mille dinars avec un petit
apport de l’ONDA. Les éditions évoquent le
piratage pour ne pas vous prendre en charge. Donc je l’ai sorti début décembre à compte
d’auteur.
-Quels
thèmes chantiez-vous ?
Du sentimental et du social varié. Ce sont des chansons à
texte sur la mal vie des gens.
La 1ère« zayit
wussen » est pour les jeunes qui ne sont pas assez armés pour
affronter la vie et où je parle de la mendicité, des sans abri qui dorment à la
belle étoile sans que les plus aisés pensent à les aider étant donné qu’ils
sont leurs frères mais aussi des raisons qui poussent les gens à aller vers la
drogue ou partir.
La 2ème
« amagraman » est tirée d’un proverbe kabyle (oured yetsassara
oussalas degw amagraman). Un peu politique et
revendicatrice puisqu’elle parle d’octobre 88.
La 3ème
« ouzlagh »qui parle des difficultés de la vie. En effet, on n’arrête
pas de courir mais finalement on a rien réalisé et pour soi-même et pour les
autres, ce qui fait que nous ne sommes jamais satisfaits du résultat de nos
actions.
La 4ème
« tinodine », les belles sœurs, qui traite des problèmes familiaux.
La 5ème
« citane » où certains jouent avec les sentiments des autres pour les
escroquer. Le style de la musique ressemble beaucoup à celui de Slimane Azem.
La 6ème « si
méziane », une 4/4 rythmée. Là je dis que tout a une fin, les pauvres
malgré leur position sociale peuvent se montrer intelligents alors que les plus
forts et les plus aisés passent inaperçus.
La 7ème
« daâwessu », la malédiction. Là je dis qu’il faut comprendre toute
personne comme elle est, la respecter, l’aimer et même l’aider ou au moins ne
pas lui faire de mal. Un exclu de la société, un marginal ? pareil, ne pas
le critiquer et l’aider du mieux qu’on peut.
La 8ème »as
hissef », le regret qui incite à ne pas se lamenter pour des erreurs
passées ; et pour oublier et passer outre, faire du bien pour se
rattraper.
-Quels
sont vos chanteurs préférés ?
J’ai toujours adoré et admiré
Slimane Azem et El Hasnaoui tout autant que Matoub et Ait Menguelet.
-Quels
sont vos projets d’avenir ?
Je projette de retourner en France pour la promotion de
mes produits mais avant je suis en train de composer une troupe de musiciens
pour faire des galas à partir de mars en kabylie et au niveau national.
Je prendrai contact avec TV4
et BRTV ainsi que toutes les radios
locales et nationales.
D’un autre côté, j’ai un produit
déjà prêt mais je vais donner d’abord du temps à mon dernier album pour marcher
un peu.
-Votre
dernier mot ?
Je souhaite que la chanson kabyle
retrouve sa place, ça me fait mal de la voir dégringoler à cause du manque de
paroles propres et de textes bien écrits. Les éditeurs sont fautifs, les
distributeurs ne peuvent plus investir,
les chanteurs anciens sont mis à l’écart, ils doivent s’imposer.
N’oublions pas qu’un bon produit sera toujours écouté.
Merci à vous Madame de m’avoir
accordé cette interview.
Entretien réalisé par : Farida
Laribi.
https://www.youtube.com/channel/UCW202bHHId09og7QH0i6KwQ
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