jeudi 26 février 2015

Kaci IFARATEN, un chanteur à redécouvrir.

     
 De son vrai nom  Kaci Ahmed, Kaci Ifaraten est né en 56, à Tirminit, Boghni, Wilaya de Tizi Ouzou. C’est un chanteur, compositeur  qui a hésité longtemps, mais il a été rattrapé par sa passion et l’envie de continuer à donner autre chose que ce qu’il a donné dans sa carrière de professeur d’éducation artistique, domaine finalement pas loin puisque c’est toujours de l’artistique.

-Quand avez-vous commencé à vous intéresser au domaine de la chanson ?
Depuis le CEM, avec un animateur qui nous faisait passer à tour de rôle. Je faisais partie du JSLN (Jeunesse du front de libération nationale), au début des années 70.

-Avez-vous continué au lycée ?
Dans les fêtes scolaires d’abord puis j’animais aussi des fêtes du village et même des villages voisins. A partir de là, j’ai dû travailler pendant les vacances pour acheter ma 1ère mandole à la fin des années 70.
En 83, une opportunité  s’est présentée et je l’ai saisie, j’ai passé un concours pour faire un stage et devenir professeur d’éducation artistique. Là, j’ai rencontré Salim Bouabdallah, accompagnateur et nous avons crée le groupe Ifaraten pour chanter en duo.
Après 83, on est passé à l’émission de Mdjahed Hamid « ifananen ouzzeka ». Nous avons triomphé et nous avons été choisis puis invités pour enregistrer 3 ou 4 chansons qui passaient souvent sur les ondes de la chaine 2.  Nous sommes aussi passées au « hit parade » de la chaine 3 et nous avons été classées 1ers  pendant un mois avec la chanson « tadukli »



-Etes-vous resté longtemps avec Bouabdallah ?
Nous avons travaillé ensemble jusqu’en 86 et les circonstances nous ont séparés à cause de l’éloignement. En effet, comme il habitait à Boudouaou, cela ne nous arrangeait pas pour avoir un point de chute pour répéter. De 86 à 92, j’ai passé mon temps à réfléchir à mon devenir, continuer seul ou arrêter en plus des responsabilités liées à la famille et au quotidien en général. J’ai fini par reprendre et  enregistrer, en 92,  une cassette  « cdah douar » qui a marché un tout petit peu , problème de distribution.

-Combien d’albums avez-vous sur le marché ?
Mon 3ème produit vient de sortir en 2014. Il est intitulé « Inazmen n’ tudert », les lamentations de la vie.

-Avez-vous fait des galas ?
Non, j’ai eu des doutes quant à la possibilité de continuer seul, j’allais lâcher pour beaucoup de choses sans oublier  les problèmes d’éditions.
Le dernier enregistrement m’a coûté  400 mille dinars avec un petit apport de l’ONDA. Les éditions évoquent le  piratage pour ne pas vous prendre en charge.  Donc je l’ai sorti début décembre à compte d’auteur.

-Quels thèmes chantiez-vous ?
Du sentimental  et du social varié. Ce sont des chansons à texte sur la mal vie des gens.
La 1ère« zayit wussen » est pour les jeunes  qui ne sont pas assez armés pour affronter la vie et où je parle de la mendicité, des sans abri qui dorment à la belle étoile sans que les plus aisés pensent à les aider étant donné qu’ils sont leurs frères mais aussi des raisons qui poussent les gens à aller vers la drogue ou partir.
La 2ème « amagraman » est tirée d’un proverbe kabyle (oured  yetsassara  oussalas  degw  amagraman). Un peu politique et revendicatrice puisqu’elle parle d’octobre 88.
La 3ème « ouzlagh »qui parle des difficultés de la vie. En effet, on n’arrête pas de courir mais finalement on a rien réalisé et pour soi-même et pour les autres, ce qui fait que nous ne sommes jamais satisfaits du résultat de nos actions.
La 4ème « tinodine », les belles sœurs, qui traite des problèmes familiaux.
La 5ème « citane » où certains jouent avec les sentiments des autres pour les escroquer. Le style de la musique ressemble beaucoup à celui de Slimane Azem.
La 6ème « si méziane », une 4/4 rythmée. Là je dis que tout a une fin, les pauvres malgré leur position sociale peuvent se montrer intelligents alors que les plus forts  et  les plus aisés passent inaperçus.
La 7ème « daâwessu », la malédiction. Là je dis qu’il faut comprendre toute personne comme elle est, la respecter, l’aimer et même l’aider ou au moins ne pas lui faire de mal. Un exclu de la société, un marginal ? pareil, ne pas le critiquer et l’aider du mieux qu’on peut.
La 8ème »as hissef », le regret qui incite à ne pas se lamenter pour des erreurs passées ; et pour oublier et passer outre, faire du bien pour se rattraper.

 https://www.youtube.com/watch?v=-7a1Z-mHr_Y
-Quels sont vos chanteurs préférés ?
J’ai toujours adoré et admiré Slimane Azem et El Hasnaoui tout autant que Matoub et Ait Menguelet.

-Quels sont vos projets d’avenir ?
Je projette  de retourner en France pour la promotion de mes produits mais avant je suis en train de composer une troupe de musiciens pour faire des galas à partir de mars en kabylie et au niveau national.
Je prendrai contact avec TV4 et  BRTV ainsi que toutes les radios locales et nationales.
D’un autre côté, j’ai un produit déjà prêt mais je vais donner d’abord du temps à mon dernier album pour marcher un peu.

-Votre dernier mot ?
Je souhaite que la chanson kabyle retrouve sa place, ça me fait mal de la voir dégringoler à cause du manque de paroles propres et de textes bien écrits. Les éditeurs sont fautifs, les distributeurs ne peuvent plus investir,  les chanteurs anciens sont mis à l’écart, ils doivent s’imposer. N’oublions pas qu’un bon produit sera toujours écouté.
           Merci à vous Madame de m’avoir accordé cette interview.


     Entretien réalisé par : Farida Laribi.

1 commentaire: