dimanche 8 février 2015

Emouvant: ""03 jours avant sa mort Matoub voulait parler à Djamila sa première femme!"


Pour tous les jeunes de Kabylie, parler de Matoub Lounès, c’est aussi évoquer Djamila, son grand amour qu’il a immortalisé dans son œuvre artistique. Matoub Lounès n’a pas cessé d’aimer de manière inédite cette femme sur laquelle il chantait sans cesse. 

Même quand il était lié à une autre femme, Djamila revenait tel un leitmotiv dans chaque nouveauté, y compris dans son album posthume, Lounès n’a pas oublié l’inoubliable puisqu’il l’évoque dans la chanson pathétique: «Iniyid kan (Dis- moi seulement)

 

 Lorsque nous arrivons à Taourirt Moussa, Yuba, le jeune secrétaire général de la Fondation, nous montre la maison de Djamila qu’on peut voir à partir de la fenêtre de celle de Lounès. Nous avons alors émis le souhait de discuter avec la mère de cette femme qui a tant marqué l’homme le plus populaire de Kabylie. On découvre une femme d’une modestie extrême et d’une gentillesse rare. 

«Qu’est-ce que votre fille a de si spécial et que les autres n’ont pas pour marquer Matoub à ce point?» interrogeons-nous.
 La mère répond que «Djamila est une femme posée et très sage et qu’elle ne ment jamais, quelle que soit la conjoncture». On comprend vite que Matoub cherchait la sincérité qu’il avait dans son cœur, chez la partenaire. Il l’avait trouvée chez Djamila.

«Lorsqu’il a vu Djamila, il a dit: je ne peux pas me marier si ce n’est pas avec celle-là», se rappelle notre interlocutrice. Djamila et sa famille vivaient en France. Ils venaient seulement pendant l’été. Le jour où la famille de Djamila devait repartir à Paris, Matoub a aussi pris l’avion. 

Une fois en France, il s’est rendu directement chez eux. Au premier jour, il n’avait rien dit. La mère de Djamila, quoiqu’intriguée, a pensé qu’il s’agissait d’une visite de courtoisie car elle avait des liens de parenté avec l’artiste. Puis, les visites se répétaient. Jusqu’au jour où Lounès décide de s’exprimer: «Je veux épouser ta fille», lâche-t-il enfin en regardant Djamila avec un sourire timide. 

La mère de la future épouse a répondu que sa fille était fiancée. Matoub a répliqué, sûr de lui: «Il ne va pas l’épouser. C’est moi qu’elle épousera.» Le mariage a eu lieu en 1983. Dans sa cassette El Vavour, sortie en 1984, Matoub a composé une chanson sur son mariage et cite pour la première fois le prénom de sa femme publiquement, en cassant un tabou et non des moindres dans la société kabyle.

Djamila qui vivait en France a suivi Matoub en Algérie.

 Comment ils ont vécu? 
Tout le monde le sait grâce aux chansons où il raconte avec précision les péripéties de sa vie conjugale comme aucun artiste ne l’avait fait auparavant. Le couple a résisté à toutes les tempêtes. Quand Matoub est sur son lit d’hôpital, suite aux événements d’Octobre 1988, les choses vont prendre une autre tournure. 

Comme il le chantait souvent, la patience a des limites. Djamila a craqué devant cette vie faite de dangers et de risques constants. Ils se séparent mais ne s’oublient pas. Surtout Lounès.
 
Ce dernier n’a jamais perdu l’espoir de revivre avec elle. Même quand cette dernière se remarie et même avec ses trois enfants. Jusqu’à la dernière minute de sa vie Matoub a toujours demandé après elle. «Il me demandait toujours si cette année elle allait venir passer les vacances au village. Il n’était pas du tout rancunier», nous dit une parente à Djamila, également rencontrée à Taourirt Moussa. 

Elle ajoute: «Matoub n’a jamais oublié Djamila. Quand il a été assassiné, le cadre avec la photo de cette dernière a été découvert caché derrière l’armoire de sa chambre à coucher.» Trois jours avant son assassinat, notre interlocutrice raconte qu’il lui a demandé d’appeler Djamila et de la lui passer au téléphone.

Elle a refusé pour éviter de créer des problèmes. «Si je savais qu’il allait mourir trois jours plus tard, j’aurais exaucé son voue. Je le regretterai, toute ma vie», conclut-elle.

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