Depuis sa mort en 1924, le corps de Vladimir Ilitch Oulianov est exposé dans le mausolée de la Place-Rouge, à Moscou. On aurait pu craindre qu'il se dégrade avec le temps. C'est tout le contraire.
Plus de quatre-vingt-dix ans après sa mort en 1924, Lénine est toujours exposé aux regards du public, dans son mausolée de la Place-Rouge. Et non seulement la dépouille du fondateur de l'Union soviétique est encore présentable mais elle est même dans un meilleur état qu’auparavant grâce au travail des scientifiques depuis près d’un siècle, explique Scientific American.
Récemment encore, une équipe de savants a dû se pencher sur le corps du leader communiste afin de le préparer au 145e anniversaire de sa naissance, tenu le 22 avril 2015. Et si le cadavre apparaît d’une fraîcheur impressionnante, il le doit à des méthodes d’embaumement révolutionnaires.
Plastique et colorants
Tout d’abord, il bénéficie des soins d’un cinq ou six scientifiques, appelés le «groupe du Mausolée» (ils ont même été jusqu’à 200 sous l’URSS). Tous les deux ans, ces spécialistes plongent la dépouille de Lénine dans un bain combinant notamment de l’alcool, de la glycérine, de l’acétate de potassium. De plus, des parties de ses tissus sont régulièrement remplacées par des morceaux de plastiques et d'autres substances, tandis que des solutions de colorants lui sont régulièrement délivrées pour que sa peau conserve un aspect naturel. Ainsi, Lénine embellit mais ce corps qu'on expose n'est plus vraiment le sien.
Alexei Yurchak, professeur en anthropologie sociale à l’université californienne de Berkeley, éclaire ces pratiques:
«C’est différent de tout ce qu’on a connu jusqu’alors, comme la momification par exemple, où l’on s’intéressait à la conservation de la matière originale alors qu’on laissait la forme du corps changer.»
Le chercheur a rédigé un article sur le sujet, ainsi qu’un livre intitulé Everything Was Forever, Until it Was No More - The Last Soviet Generation.
C’est différent de la momification, où l’on s’intéressait à la conservation de la matière originale alors qu’on laissait la forme du corps changer
Alexei Yurchak, professeur en anthropologie sociale à Berkeley
L’embaumement de Lénine, et son optimisation continue en quatre-vingt-dix ans, a entraîné des avancées médicales non négligeables, selon Alexei Yurchak. Les scientifiques y ont découvert une méthode pour maintenir la circulation sanguine d’un rein en cours de transplantation. Ils ont aussi appris à mesurer la teneur au cholestérol dans la peau d’un patient.
Malgré ces réussites scientifiques, on n’aurait jamais dû en arriver là, au vu des dernières volontés de Lénine. Sentant sa fin approcher, après le passage de plusieurs attaques, il avait prévu ses funérailles. Il avait ainsi demandé un enterrement très simple.
Mais, devant la ferveur populaire autour de la veillée de son corps dans les semaines qui ont suivi sa mort, les dirigeants de l’URSS ont décidé de le conserver. Soucieux d’éviter que la dépouille soit considérée comme une sainte relique, ils ont cependant décidé de mettre en valeur le travail scientifique nécessaire au succès de l’opération.
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