Par
Mourad Hammami
Il est jeune. Il a 25 ans, il n'a jamais travaillé. Il ne connait pas la notion du travail, ni comment gagne t-on de l'argent. 10 ans avant les jeunes remuent ciel et terre pour décrocher un petit job. Lui est arrivé au bon moment. Il avait raté l'école et pourtant il va devenir vite patron sans trop se fatiguer.
Quelques papiers administratifs, quelques photocopies, quelques démarches au niveau de l'ANSEJ et voilà qu'on lui accorde un crédit de 1 milliard de centime, soit l'équivalent de 100.000 euros. Il s'offre un gros camion de marque Hyundai flambant neuf. Il ne sera pas chauffeur, mais directement patron.
Si tu lui pose la question, comment t'as eu ce camion?
Il va te dire c'est un camion offert par Bouteflika!
Quelques habits neufs, une paire de lunettes de soleil, un téléphone portable dernier cri. il embauche un autre jeune qui n'a pas eu la chance d'avoir un crédit ANSEJ, faute de piston et d'influence.
Avec son téléphone portable, il gère et surveille son camion et son chauffeur. La mission est simple, il s'agit de travailler la nuit en transportant du sable clandestinement à partir du fleuve Sébaou ou des plages des environs. Il participe sans scrupule au pillage de ces couches de sables que dam nature avait produit pendant des milliers d'années. Si le camion est intercepté, le problème sera vite réglé avec un coup de téléphone à cet homme politique et cet officier pour lequel il verse une quote-part de ses gains.
C'est un exemple parmi des milliers d'autres de cette Algérie malheureuse qui sorti de l'abime après des années et des années de guerre civile, de grave crise économique et voilà qu'elle replonge dans un autre abime, cette fois ci non pas causé par la pauvreté et la crise, mais par une richesse trop importante, qui descend du ciel telle une vraie providence.
Cette richesse tombe entre les mains de Bouteflika, sans trop la chercher, sans trop se fatiguer. Il était là au bon moment et c'est tout. D'autres ont semé, ont sauvé l'Algérie sur les plans économique et sécuritaire et lui hérite gracieusement ces fruits.
La période la plus critique de l'Algérie a été géré par Liamine Zeroual entre 1994 et 1999.
Le pays était en guerre civile. La crise économique avait mis à genoux le pays. l'Algérie était isolé sur le plan international avec un terrible embargo qui lui a été imposée. Il avait fait face tout seul à la bête du terrorisme.
A cette époque, les recettes de l'Algérie était de 15 milliards de dollars. 5 milliards dépensées dans les équipements, 3 milliards dans l'alimentaire et 7 milliards dépensés dans le service de dettes c'est à dire payement des intérêts d'une dette de plus de 30 milliards de dollars.
Durant cette période, face au mur, l'Algérie avait rééchelonner pour la deuxième fois le payement de sa dette. le FMI est alors maitre en Algérie. Il avait imposé de règles terribles de gestion du pays. Plus d'un demi millions de travailleurs ont perdu leur emplois. Certains se sont suicidés, d'autres ont sombré dans la dépression.
A cette époque l'Algérie ne produisait que 700.000 barils de pétrole par jour. Zeroual avait alors ouvert les portes pour des entreprises étrangères afin d'augmenter les capacités de production et les amener à 1,4 millions de barils jours à l'horizon 2010.
Quelques mois avant l'arrivée de Bouteflika au pouvoir, les prix du pétrole connaissent déja les premières augmentations sur le marché. Le FMI avait attribué une très bonne notes à l'Algérie après avoir scrupuleusement observé les règles de gestion et de redressement structurel. L'islamisme était à terre. Le terrorisme était aussi à terre.
Et l'homme providentiel Monsieur Bouteflika arrive avec beaucoup de bruit pour affirmer son existence. Il ressuscite le terrorisme et l'islamisme. comme on ressuscite une bête déjà à terre pour faire croire que c'est lui qui l'a immobilisé. Il ne veut laisser personne indifférents. Il soufflait le chaud et le froid. Grâce à son esprit de grand bluffeur, il est capable de réunir la chèvre et le loup dans une même écurie.
En plus des investissements de base faites par Zeroual, sur le plan international il y a eu une conjoncture très favorable qui ont fait que les prix du pétrole augmentaient sans cesse. Cette conjoncture a été provoqué par le bloc des pays émergeant qu'on appelle les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).
Bouteflika petit à petit a instauré une politique de paternalisme, puis le culte de sa personnalité grâce aux milliards de dollars tombés du ciel.
Il a eu tout le monde, y compris les leaders d'oppositions les plus avertis, à l'exemple de Said Sadi. Souffler le chaud et le froid est un art qu'il maitrise à fond.
En plus des dettes remboursées, l'Algérie regorge de plusieurs centaines de milliards de réserves de changes.
Petit à petit, Bouteflika que tout le monde voyait grand montrait son vrai visage d'un assoiffé de pouvoir, un mégalomane et une personne qui méprise la liberté et son peuple.
Pour s'accaparer plus du pouvoir, il avait réussi à neutraliser la force de l'armée qui avait tenter de lui faire barrage en 2004.
A partir de ce 2e mandats il s'est engagé sans scrupule dans la voie de corruption, en recrutant dans le le monde politique des gens malhonnêtes et qui n'ont rien à voir avec la politique. Cette politique s'est tristement accéléré après avoir fait hisser Belkhadem à la tête du FLN. Le poste de député ne se joue pas dans la campagne électorale, mais dans l'arrière boutique à coup de milliards. Il sera honteux d'attribuer le mot élections aux suffrages qui se déroulent en Algérie. Tricherie, trafique d'influence, escroquerie, corruption sont autant de maux qui caractérisent la démocratie trompeuse en Algérie.
"Parmi les députés du faux FLN , l'on compte certains qui sont illettrés et ne savent même pas remplir un chèque" nous a déclaré un jour on officier des services.
Le comble était avec l'arrivée de Amar Saadani à la tête du FLN, un ex membre d'une troupe folklorique dans la désert de Oued Souf qui grâce à son profil correspondant à cette Algérie malade a su comment se hisser au sommet et à la tête du FLN, non pas par le vote mais par un plébiscite digne des pays malades du Tiers-Monde.
Pour les gens conscients, le désespoir de l'Algérie dans cette période faste est beaucoup plus grave que celui vécu durant les années de guerre et de crise économique.
Il est difficile pour une âme consciente de supporter la triste réalité de l'Algérie. Avec le temps , l'on constatera facilement que le bilan de Bouteflika est le plus pire qu' a connu l'Algérie. Il avait généralisé la corruption et érigé en sport national. Il avait ressuscité l'islamisme pour l'ériger en une arme de chantage. Il avait instauré l'impunité, le trucage systématique des élections, la violation brutale de la constitution, le régionalisme dans le gestion du pouvoir et la dilapidation des richesses de l'Algérie dans des projets chastes imaginaires et la destruction de l'éthique et de la notion du travail.
Les patriotes ont été écartés pour laisser place au patriotards. Les compétences ont été écartées pour laisser place au passe droit, au clientélisme et aux prête-allégeance serviles.
Entre Liamine Zeroual, le véritable nationaliste et Bouteflika existe une grande différence.
L'Algérie risque de payer cher l'ère de Bouteflika, cet homme qui était à l'origine du détournement de l'Algérie en 1962, puis en 1965 et voilà maintenant il est là entrain d'achever ce pauvre pays!
A moins qu'une providence sera là pour sauver cette malheureuse patrie piétiné sous le poids d'un sort acharné.
M.H
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