mardi 21 avril 2015

Algérie: Voilà pourquoi le pouvoir a peur de Tamazight !


La célébration du Printemps berbère est l’un des rares moments de la vie nationale où les esprits s’apaisent et les voix appellent quasiment à l’unisson en faveur de l’officialisation de la langue amazighe. 


Jalonné par le fracas des affaires de corruption, d’autoritarisme et les velléités contradictoires de réformes politiques aussi vagues qu’improbables, le cours des événements dans le pays marque une halte, le 20 avril, permettant à la revendication amazighe d’avoir voix au chapitre dans tous les discours.



Des anciens chefs de gouvernement qui, pendant leur exercice, n’avaient pas trouvé les ressorts pour lever l’interdit culturel et identitaire, et des mouvances politiques qui s’étaient démarquées des protestations en Kabylie au printemps 1980 s’alignent à présent sous le même mot d’ordre de reconnaissance pleine et entière de l’amazighité.
 
La bataille de l’opinion est largement gagnée par le Mouvement culturel berbère, au-delà même de sa propre existence, puisque la dynamique de revendication et de lutte est portée aujourd’hui par les associations, les comités d’étudiants et les partis politiques, y compris ceux qui veulent s’inscrire dans le sens de l’histoire sans y mettre trop de conviction.
 
Personne n’est contre l’officialisation de tamazight, sauf… l’Etat. Si la question leur était posée individuellement, les membres du gouvernement et les parlementaires ne s’opposeraient nullement à un projet de reconnaissance de la langue maternelle de millions d’Algériens et ajouteraient qu’ils se sont toujours sentis militants de la cause identitaire.
 
Le signal et la décision politiques ne viennent pas, alors les institutions, en premier lieu celles représentant la communauté nationale, ne se sentent pas investies du devoir de réparer le lourd déni identitaire infligé par l’Algérie indépendante à sa propre population.
Dans un environnement nord-africain où des avancées notables ont été enregistrées en matière de droits culturels, le pouvoir algérien est décidé à assumer son archaïsme et son sectarisme jusqu’au bout, sans doute jusqu’à une rupture politique radicale dans le pays.
 
Il est plus disposé à donner en concession le sous-sol du pays qu’à faire accéder la dimension amazighe à un statut égal à celui de l’arabité. 
 
Même si diverses équipes dirigeantes se sont succédé à la tête de l’Etat, parfois au prix de renversements, le système politique algérien, dans sa structure psychologique, est resté au même niveau d’irrationalité que lorsqu’à l’indépendance, les dépouilles de deux glorieux colonels de l’ALN ont été déterrées et séquestrées dans une caserne de gendarmerie.
Le même déni de la réalité continue de sévir plus d’un demi-siècle après l’accession à l’indépendance. 
 
Si le pouvoir «séquestre» la question de l’amazighité, c’est parce qu’elle porte l’exigence de démocratie, la hantise originelle d’un régime qui a pour obsession de perpétuer son règne.
Alors que le combat pour l’amazighité est politiquement plébiscité dans la société et la classe politique, le pouvoir fait la sourde oreille à une revendication qui résonne comme un appel à l’instauration de la démocratie.

Djaffar Tamani
In El watan

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