dimanche 12 avril 2015

Des femmes en robe berbère ont marché hier à Alger

L’objectif de cette marche était de faire du 11 avril la journée nationale de la robe berbère.

Les Algérois se sont réveillés, hier, sur un événement unique en son genre. Lorsqu’une dizaine de femmes, portant des robes traditionnelles berbères, sillonnent les rues d’Alger, cela attire forcement les regards et attise la curiosité de tous les piétons. Entre applaudissements et critiques subjectives, ces femmes ont malgré tout parachevé leur action en tenant un rassemblement, une exhibition, devant la Grande-Poste avant d’entamer une balade sur la place Audin.
Leur action a été perturbée par les services de sécurité qui leur ont interdit de se regrouper devant la Grande-Poste. Rencontré sur place, l’initiateur de l’action, Mourad Messali, explique que l’objectif de l’événement est de faire du 11 avril, la journée nationale de la robe berbère. «Nous sommes un groupe d’amis actif sur les réseaux sociaux. Notre objectif est de renouer avec les coutumes et les traditions. L’Algérie est un pays multiculturel. Nous sommes ici pour la convergence des cultures», lance-t-il souriant. Les services de sécurité, eux, ne sont pas restés indifférents.

Renouer avec les traditions
Quelques minutes plus tard devant la Grande-Poste, des agents ont été dépêchés et ont interdit la tenue de l’événement, le qualifiant de «non autorisé». Lila Boulma, styliste et marraine du groupe, ne souhaitant pas spéculer sur l’interdiction, assure que le choix s’est porté sur Alger parce que c’est la capitale de tous les Algériens. «La robe kabyle ne se porte, malheureusement, qu’en Kabylie et encore... que lors des fêtes de mariage. C’est l’occasion aujourd’hui de la faire sortir.


De plus, nous avons perdu beaucoup de nos traditions et de nos coutumes. Nous sommes là, dans la capitale, pour dire que nous continuons à exister avec notre culture trois fois millénaire», assure-t-elle fièrement. Lila, elle, porte une robe chaouie. Elle explique que la découpe de sa robe représente le premier modèle conçu en Afrique du Nord. «Les Kabyles ont innové depuis, contrairement aux Chaouies qui ont préféré préserver le même style», explique-t-elle.


Djazia Aït Hakim, l’une des participantes à l’action, est Algéroise. Féministe de longue date, elle se dit heureuse d’y prendre part. «C’est juste une opération tape-à-l’œil. Je suis là pour rendre visible la femme berbère et rendre sa place à la femme algérienne avec toute sa diversité dans un pays qui a beaucoup perdu en termes de culture et de tradition. C’est un acte de résistance», affirme-t-elle. Elles sont belles et rayonnantes. Leurs robes présentent, parfois, une légère différence.
 
Des passagers curieux n’ont pas hésité à leur poser la question. Lila Boulma répond : «Avant, c’était avec la découpe d’une robe qu’on reconnaissait la provenance d’une femme. Chaque région avait sa propre touche.» Les sourires ne quittent guère leurs visages. Suivies par des photographes et des cameramen, ces femmes ont décidé d’arrêter leur balade au niveau de la rue Didouche Mourad en se donnant rendez-vous pour le 18 avril à Tizi ouzou, lieu choisi pour leur deuxième action.
 

Pour rappel, le ler novembre dernier, plusieurs femmes habillées du haïk traditionnel avaient défilé sans autorisation et sans être inquiétées dans les rues d’Alger. Aghiles Amokrane, militant politique, qui a assisté à l’action, s’est indigné hier de cette interdiction. «C’est décevant de voir les services de sécurité empêcher la tenue de cette exhibition alors que quelques mois auparavant, des femmes en haïk ont sillonné en toute liberté les ruelles de la capitale. Le pouvoir en place table sur le régionalisme et, à travers lui, tente de diviser les Algériens. Alger est la capitale de tous les Algériens. La nouvelle génération doit être fière de ses racines amazighes», s’emporte Aghiles.

Meziane Abane
Source: elwatan.com


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