mardi 26 mai 2015

Le FLN de novembre 1954 est devenu le parti de la mafia et des milliards

Le FLN n’a pas de ligne politique ni de programme, mais il a un vocabulaire qui lui est propre. Ainsi, on y parle de « crise » pour désigner une guerre des gangs et de « dissidence » pour évoquer la mauvaise humeur des flagorneurs éconduits, ces courtisans passés de mode et qui, à l’image d’Abdelaziz Ziari, ont trouvé plus forts qu’eux dans l’art de gagner par des prévenances ou des flatteries les bonnes grâces des décideurs. 
Voilà bien longtemps que le FLN a cessé d’être une force de libération et encore moins de développement, pour n’être plus qu’un repaire de quelques kleptocrates et autres opportunistes endurcis.




Il est leur « machin ». C’est à qui l’emportera sur l’autre, pour jouir, plus que l’autre, des privilèges de la Cosa Nostra. Le FLN est un ring ouvert aux pugilats entre flibustiers. Il n’y a aucune règle dans ces règlements de compte saisonniers. Seule compte le triomphe sur le clan d’en face. C’est à qui se montrera le plus rusé, le plus intraitable et le mieux « outillé ».
Au besoin, on recrute des challengers bien nantis. Depuis trois ans, sous la houlette d’Abdelaziz Belkhadem, les places au FLN sont proposées au plus offrant. Le poste de député tournerait autour de cinq milliards, celui de membre du Comité central le double alors que le fauteuil au Bureau politique est estimé entre quinze et vingt milliards. À ce prix-là, vous avez les honneurs dus à la notabilité, la proximité de la Cour du roi et, bien entendu, l’oreille des décideurs. 
 
C’est ainsi que le FLN s’est transformé en club de milliardaires. Le vieux parti a été annexé par toute sorte de grosses fortunes dont El-Watan (1) laisse entendre qu’elles auraient dûment payé leur fauteuil, comme c’est le cas de Dilmi Abdelatif, nabab de M’sila, placé tête de liste du FLN lors des élections du 10 mai 2012, de Cherif Ould El Hocine, un autre milliardaire, ancien militant du Parti du Renouveau Algérien (PRA), président de la Chambre nationale de l’agriculture de Bouira, propulsé membre du Comité central avant de se faire élire à l’APN sur la liste du FLN et finir ensuite président de la commission de l’agriculture au Parlement.
 
Le richissime Ahmed Djellat, de Blida, s’est retrouvé, lui aussi « membre de la direction du FLN », tout comme le sulfureux Baha Eddine Tliba d’Annaba, milliardaire connu pour ses frasques et parachuté par Abdelaziz Belkhadem à la vice-présidence du groupe parlementaire et à la commission des finances de l’APN…



Bien d’autres noms de la « finance noire » ont trouvé chaussure à leur pied dans ce FLN créé pour le meilleur, un matin de mars 1954, sous le nom de Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action (C.R.U.A.), par des illustres figures de la résistance algérienne (Mostefa Ben Boulaïd et Mohamed Boudiaf entre autres) et devenu, en 2015, un parc Astérix pour grosses fortunes.

Ces dernières constituent, à l’heure qu’il est, une des principales forces de soutien au président Bouteflika. Que deviendraient-ils eux, les Associés, sans le système Bouteflika ? Bouteflika, c’est l’investissement gagnant : entre le premier et le quatrième mandat de Bouteflika, dans un marché économiquement dérégulé, où l’on ne produit presque rien, les importations ont été multipliées par 7, passant de moins de 10 milliards de dollars en 1999 à plus de 65 milliards de dollars à fin 2014 ! Comment, dans ces conditions, ne pas militer pour un quatrième mandat afin que rien ne change ?
 
Cette mue soudaine du FLN a surpris les caciques traditionnels qui parlent de la voix de Ziari et qui disent refuser le squat de leur parti par ces nouveaux crésus ! La dernière empoignade, celle qui risque de tout faire sauter, a pour prétexte la désignation du milliardaire Mohamed Djemai au poste de président du groupe parlementaire du FLN, en remplacement de Tahar Khawa promu ministre des Relations avec le Parlement à l’occasion du dernier remaniement gouvernemental.

Mohamed Djemai est une grosse fortune de Tébessa, haut lieu du trafic frontalier avec la Tunisie, et qui a rejoint le FLN « par le haut », en 2012. Sous la protection de Belkhadem, le milliardaire avait « acheté » un « pack FLN » : le mandat de député mais aussi sa place au sein du Comité central !  

L’inépuisable Belkhadem l’imposera même comme chef du groupe parlementaire avant que la contestation ne fasse reculer le choix du secrétaire général déchu. Trois ans plus tard, il revient à la charge et récupère son fauteuil avec la bénédiction du nouveau patron du FLN,  Amar Saâdani, provoquant la crise au sein du parti et la dissidence de 91 parlementaires du FLN qui viennent de créer un « groupe parlementaire parallèle ». Mais pour représenter qui ?

Sourec TSA

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