Les autorités musulmanes annonceront la date de début du mois de ramadan cette semaine. Il pourrait s'agir du 17 ou du 18 juin.
Les musulmans de France vont-ils tous commencer le ramadan le
même jour cette année? Pas sûr, car les partisans de l'observation
lunaire n'en décideront que la semaine prochaine, tandis que les adeptes
du calcul astronomique ont déjà opté pour un jeûne commençant le 18
juin. La date officielle de début du mois de ramadan n'est en tout cas,
pour l'heure, pas arrêtée.
Luttes d'influence
La question de la détermination de la date peut paraître technique, mais
elle est centrale pour déterminer le début, et la fin, de ce mois sacré
dont le jeûne constitue le quatrième pilier de l'islam et un rite
massivement suivi, avec plus de 70% voire 80% de jeûneurs parmi les
musulmans en France, selon les estimations.
Elle met aussi en
lumière les luttes d'influence entre groupes idéologiques ou liés à des
pays d'origine à l'oeuvre chez les quelque 5 millions de musulmans de
France, qu'ils soient pratiquants ou non.
Quiproquo dans les dates en 2013
Dans les faits, personne ne souhaite revivre le psychodrame de 2013. Le Conseil français du culte musulman (CFCM)
avait alors cru bien faire en adoptant la règle du calcul astronomique
pour fixer à l'avance le ramadan, et permettre aux fidèles de mieux
anticiper ce moment fort de l'année hégirienne, qui suit un calendrier
lunaire avec des mois de 29 ou 30 jours.
Le CFCM avait
cependant dû repousser in extremis le ramadan d'un jour en s'alignant
sur la position des principaux pays arabes, sous la pression de fidèles
déboussolés, certains ayant déjà commencé à jeûner. Pour éviter
pareille mésaventure l'an dernier, le CFCM était revenu à l'observation
de la Lune lors d'une "nuit du doute", selon l'enseignement du Prophète
qui aurait prescrit dans un hadith (commentaire oral): "Ne jeûnez que
lorsque vous verrez le croissant lunaire et ne rompez le jeûne que
lorsque vous le verrez aussi".
Mais l'Union des organisations islamiques de France
(UOIF), proche des Frères musulmans, et les fédérations de sensibilité
turque, avaient maintenu leur choix du calcul, auquel elles sont
favorables de longue date, Coran à l'appui ("Le soleil et la lune
obéissent à un calcul").
Réunion décisive le 16 juin
Bis repetita cette année. La Grande mosquée de Paris,
dont le recteur Dalil Boubakeur préside le CFCM jusqu'au 30 juin, a
annoncé une nuit du doute, "fidèle à sa tradition" qui remonte à 1926.
Une
réunion d'abord fixée au 17 juin, puis avancée au 16: si le premier
croissant lunaire (hilal) est observé, le ramadan commencera dès le
lendemain, le 17. Dans le cas contraire, il débutera le surlendemain, le
18. En cas de doute, la grande mosquée suivra la décision de pays
arabes, dont l'Arabie saoudite qui donne souvent le LA sur cette
question.
"Éviter la division"
Mais l'UOIF ne démord pas de son choix du calcul. Le Conseil
européen de la fatwa, vitrine des "Frères" en Europe, a déjà prévu que
"la vision du croissant lunaire sera(it) impossible avant le coucher du
soleil du 17 juin". Par conséquent, dit cette instance, "le premier jour
du mois béni de ramadan pour l'année 1436H sera par la volonté de Dieu
le jeudi 18 juin".
L'islam institutionnel algéro-marocain qui
tient le CFCM n'est pas isolé dans sa défense de l'observation lunaire.
Il trouve même des alliés objectifs dans des courants salafistes
hostiles à l'UOIF et qui, au nom de leur conception fondamentaliste d'un
islam des "pieux prédécesseurs", prônent eux aussi la vision.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire