Le récent séjour médical d’Abdelaziz Bouteflika à Grenoble et la vague de limogeages qui affecte l’appareil sécuritaire algérien confirment l’accélération du processus de transition à Alger, dont devraient profiter les “néo-islamistes” algériens. Réélu pour un quatrième mandat, en avril 2014, Bouteflika ne gouverne plus que sous le contrôle de son frère Saïd et du clan présidentiel. L’armée est déjà à leur botte. Ils sont en train de casser le redoutable DRS (Département du renseignement et de la sécurité), la seule structure encore capable de s’opposer à eux.
Réputé inamovible depuis vingt-cinq ans, son chef, le mystérieux général Mohamed Lamine Mediène, “Toufik”, vient d’être brutalement débarqué, comme le patron de l’antiterrorisme, le chef de la garde présidentielle et une quarantaine d’autres généraux ou officiers, écartés ou emprisonnés pour d’obscures raisons. “Toufik” ne veut pas se laisser étouffer. Il vient de dénoncer « une injustice » à l’égard de ses anciens subordonnés, appelant à « laver l’honneur des hommes qui se sont entièrement dévoués à la défense de l’Algérie ».
Cette sortie sans précédent — “Toufik” ne s’était jamais exprimé publiquement — confirme les fortes tensions au sommet de l’État. « Le couteau a atteint l’os » (la situation est grave), dit Khalida Toumi, ex-ministre de la Culture, membre du “groupe des 19”, des cadres de la nomenklatura algérienne qui demandent à être reçus par Bouteflika. « Le président est pris en otage par son entourage direct », estime Lakhdar Bouregaâ, ancien commandant de la wilaya IV (Algérois), membre de ce groupe.
Tous redoutent l’arrivée au pouvoir des islamistes que Bouteflika a amnistiés de façon très généreuse depuis 1999 puis insérés au plus haut niveau de l’économie algérienne. Proches de l’AKP turc, ces “islamo-conservateurs” avaient un dernier obstacle à lever : la menace latente du DRS, aux ordres des généraux “éradicateurs” qui les avaient vaincus entre 1992 et 1999. Leur élimination ouvre aux barbus algériens les portes du pouvoir.
Bouteflika leur laissera un beau cadeau : la plus grande mosquée d’Afrique, Djamaâ El Djazaïr, dotée d’un minaret de 270 mètres dominant la baie d’Alger. Ce projet pharaonique — la “mosquée Bouteflika” — devrait coûter 1 milliard d’euros.
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